Un collectif de personnalités du théâtre public et d’anciens ministres de la culture dénonce, dans une tribune au « Monde », les dérives autoritaires du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes. Il serait reproché au directeur du TNG d’avoir critiqué, en tant qu’élu syndical, la politique culturelle de la région.
Nous avons découvert avec stupéfaction et colère la mesure brutale et injustifiée qui vient de frapper le Théâtre nouvelle génération (TNG)-Centre dramatique national de Lyon : le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes a, en effet, décidé de supprimer purement et simplement la subvention qu’il allouait au théâtre.
Cette mesure, annoncée le 28 avril, vient mettre en péril non seulement la réalisation de ses missions de service public en direction des habitantes et des habitants de la région, mais également les emplois artistiques, administratifs et techniques qui rendent possible l’action du TNG.
L’argument invoqué pour justifier cette décision profondément destructrice, c’est que le directeur du TNG, Joris Mathieu, refuse de discuter avec l’exécutif régional. C’est évidemment une contre-vérité stupéfiante, lorsque l’on sait que la région Auvergne-Rhône-Alpes a rompu unilatéralement tous les échanges avec le secteur culturel et ses représentants depuis les baisses brutales de subventions de mai 2022.
Ce qui est reproché en réalité à Joris Mathieu, c’est d’avoir, dans le cadre de ses fonctions d’élu au bureau du Syndicat des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), pris position fermement contre la politique culturelle menée par la région Auvergne-Rhône-Alpes depuis un an.
La mesure punitive qui frappe le TNG est une mesure d’intimidation, qui attaque la liberté d’expression d’un représentant syndical. Cette attaque constitue un dangereux précédent : c’est une violation grave des règles élémentaires du dialogue social, et une rupture patente de notre pacte républicain.
Justification mensongère
Joris Mathieu s’est contenté de rappeler les méthodes délétères du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes en matière culturelle : absence totale de concertation et refus de tout dialogue, coupes budgétaires arbitraires, brutales et injustifiées, attaques contre des lieux de création, justification mensongère d’un rééquilibrage territorial, alors même que la région Auvergne-Rhône-Alpes investit moins dans la culture que la plupart des régions de France.
Le conseil régional a le droit de trouver son réquisitoire sévère, il peut tenter de lui apporter les démentis qu’il jugera bons. En revanche, il se déshonore gravement en pratiquant...
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