Du concert « Unisson solidaire » ce samedi aux Bouffes du Nord aux divers festivals de l'automne dont celui de Royaumont, la mobilisation conjointe des artistes, des élus, des mécènes, tente de sauver ce qui peut l'être malgré la pandémie et le couvre-feu.
Une récente étude de la Fevis, la Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés, résonnait comme un appel au secours avant même le couvre-feu imposé dans huit métropoles françaises. De mars à juillet, ces petites structures indépendantes , qui dynamisent la musique savante (classique et contemporaine), ont subi l'annulation de 1.280 représentations, soit la moitié de leur activité annuelle. Elles ont perdu 11 millions de chiffre d'affaires et enregistré 2,3 millions de pertes sèches.
Tribune au président de la République
Plus de 300 musiciens classiques de chambre ont de leur côté signé une tribune adressée au président de la République pour alerter le gouvernement sur la situation catastrophique des artistes ne bénéficiant pas de l'intermittence. Les chanteurs lyriques ont donné à leur tour de la voix le 17 octobre aux Bouffes du Nord à l'occasion du concert « Unisson solidaire » (dont l'horaire a été avancé à 17 heures) au profit des artistes en difficulté.
En cette période particulière, les rares festivals de l'automne maintenus - même en version allégée -, tous grâce aux subventions publiques et au mécénat, constituent une bouffée d'oxygène : des « Voix d'automne » à Evian soutenu par le groupe Danone à « Esprit Piano » à Bordeaux qui n'aurait pu voir le jour sans la Fondation BNP Paribas , en passant par les « Concerts d'automne » qui bénéficient de l'appui d'entreprises tourangelles mais aussi de la Fondation Orange . Quand ce ne sont pas des formats au long cours ainsi sauvés comme « La Belle Saison » fédérant 17 salles dans une démarche d'insertion professionnelle de jeunes talents grâce à la Fondation Safran et Mécénat Musical Société Générale , deux mécènes aux côtés également du Centre de musique de chambre de Paris, engagé dans l'émergence d'une nouvelle génération de musiciens et de compositeurs.
Secours providentiel
La fondation de l'Abbaye de Royaumont est l'un de ces acteurs qui n'ont rien lâché , de « L'été apprenant » voulu par Emmanuel Macron, à son festival de rentrée, à l'affiche jusqu'au 31 octobre. Car pour ce lieu d'incubation de projets artistiques et de formation professionnelle avec des ensembles en résidence, le festival représente un temps fort de restitution de ces travaux au public.
Né de la philanthropie d'un couple d'industriels mélomanes en 1964 qui imagina un modèle de fondation privée à l'américaine, Royaumont s'est développé depuis en panachant recettes propres, subventions, mécénat d'entreprises (ADP, Engie, Leclerc, Hermès, Caisse d'Epargne Ile de France, Enedis…), de fondations familiales ( Carasso,Bettencourt-Schueller , Etrillard, Cléo Thiberge…), et de centaines de donateurs individuels.
« Nous avons rouvert le 29 juin, après avoir mis nos 60 collaborateurs au chômage technique, et maintenu au maximum nos activités malgré une perte de 2,4 millions de recettes propres, grâce au maintien des soutiens publics et privés », observe Francis Maréchal, directeur général de la Fondation Royaumont.
En temps normal, ce sont plus de 850 artistes accueillis sur l'année, 8.500 spectateurs, 63.000 visiteurs dans le monument historique, 11.300 scolaires, et 20.300 participants aux séminaires car l'Abbaye dispose de salles, d'une cinquantaine de chambres et d'un restaurant. Avec la Covid-19, le budget a fondu de...
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