À Marseille, le directeur des Tréteaux de France succédera à Macha Makeïeff le 1er juillet. Il dévoile ses intentions.

«Je suis honoré et heureux, mais ce n'est pas une surprise quand on s'y prépare depuis plusieurs mois avec des équipes », observe ­Robin Renucci, après l'annonce de sa nomination à la direction de La Criée Théâtre national de Marseille. Le 1er juillet, il succédera à Macha Makeïeff, dont il salue d'ailleurs le travail. Le nom du directeur du Centre dramatique national des Tréteaux de France a été retenu sur six au final après plusieurs semaines de tergiversations. Le ministère de la Culture et la Cité phocéenne ont été convaincus par le fondateur de l'Association des rencontres internationales artistiques, qui songe au public avant tout.

« Je prévois un travail de fond, un “théâtre populaire, mais élitaire pour tous”, comme disait mon professeur du Conservatoire Antoine Vitez, annonce Robin ­Renucci, qui insiste sur la transmission. Mon projet est basé sur les œuvres, la pratique et la pensée. Je veux créer des moments de rencontres forts. Une éducation théâtrale exigeante pour le public, certains ne sont pas encore un public de théâtre. Dès l'enfance, les élèves peuvent bénéficier d'un enseignement théâtral. »

Selon le futur directeur de La Criée, Marseille, qui compte 900.000 habitants, dont de nombreux jeunes et est la deuxième ville de France, peut devenir un « vrai territoire d'expérimentation artistique ». Le héros de la série Un village français explique : « Il est aussi essentiel d'aller vers les habitants avec des œuvres “hors les murs”que de venir à La Criée. » En 2020, à son habitude, Robin Renucci est lui-même parti en tournée avec les Tréteaux de France et Oblomov, d'Ivan Gontcharov.

« Voir et écouter est important dans un théâtre, mais pratiquer et susciter une réflexion auprès du public aussi », reprend-il. Ce passeur dans l'âme n'aura de cesse de collaborer avec des équipes et les acteurs locaux comme Le ZEF, la scène nationale de Marseille, et le Mucem (Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée). Et étendre son champ d'action avec des partenariats, notamment avec le Théâtre du Soleil, d'Ariane Mnouchkine.

Attentif à la parité

Il ne manquera pas d'inviter à La Criée des auteurs, metteurs en scène et acteurs issus d'horizons divers : Barbara Cassin, Emma Dante, Anne-Cécile Vandalem, Tiago Rodrigues, Julie Duclos, Tiphaine Raffier, Ahmed El Attar, Tamara Al Saadi, Bashar Murkus, Simon Abkarian, le Nouveau Théâtre populaire de Léo Cohen-Paperman… Des hommes et des femmes. Celui qui préside l'Association des centres dramatiques nationaux depuis 2017 est attentif à la parité. En outre, il allongera le nombre de représentations des compagnies. Il sait qu'il faut donner du temps et aux acteurs du théâtre et au spectateur. Et prône depuis longtemps l'accès et le partage de la culture avec le plus grand nombre.

Né Daniel Robin-Renucci en 1956, au Creusot (Saône-et-Loire), le comédien a connu la célébrité avec Un village français (2009-2017). Il a récemment joué le père de Leonard de Vinci dans Leonardo, pour France 2. Cet amoureux du théâtre débute à Vézelay dans la Maison de Romain Rolland, créateur du Théâtre du peuple avec Maurice Pottecher. Il côtoie Jean Dasté, Hubert Gignoux, Gabriel Monnet ou Maurice Sarrazin, créateurs de la décentralisation. Il a « la chance » d'échapper à la lumière des projecteurs. « Cela ne m'aurait pas suffi d'être une vedette de cinéma, j'aime trop le lien avec le public », confie celui qui...