La dernière édition du festival d'Avignon concoctée par Olivier Py accueillera début juillet 2022 dans la Cour d'honneur le cinéaste et metteur en scène russe pour une adaptation du « Moine noir » de Tchekhov. Autre highlights : le nouveau ballet du chorégraphe belge Jan Martens, une soirée orchestrée par Kae Tempest, « Richard II » de Shakespeare avec Micha Lescot… Olivier Py signera pour sa part un spectacle fleuve de dix heures « Ma jeunesse exaltée ».
L'invité vedette du 76e festival d'Avignon est sans conteste Kirill Serrebennikov. Le cinéaste et dramaturge russe, en délicatesse avec le pouvoir de son pays, va présenter dans la Cour d'honneur du Palais des papes, du 7 au 14 juillet, « Le Moine noir », une adaptation flamboyante et rock and roll d'une nouvelle de Tchekhov. L'histoire d'un homme partagé entre son amour pour une jeune femme et l'influence d'un fantôme maléfique, racontée sous quatre angles différents.
Olivier Py, qui présentait jeudi 24 mars dans la cité des papes sa dernière programmation en tant que directeur (celle de 2023 reviendra à son successeur Tiago Rodrigues) était visiblement ravi d'accueillir l'artiste rebelle - une symbolique forte, en ces temps de conflit en Ukraine. « Nous commençons avec un artiste russe, nous finirons le festival avec des artistes ukrainiennes », a-t-il commenté.
Pas d'autres grands coups d'éclat à noter pour cette ultime édition dont le fil rouge sera le conte - « Il était une fois » -, mais aussi l'identité féminine et l'exaltation de la nature. Trois spectacles démarreront ce même 7 juillet, donnant une idée de l'éclectisme de la programmation : « En transit », une adaptation du roman d'Anne Seghers, par l'Iranien Amir Reza Koohestani (Gymnase du Lycée Mistral jusqu'au 14 juillet) ; « Iphigénie » de Tiago Rodrigues, mis en scène par Anne Théron (jusqu'au 13 juillet à l'Opéra Grand Avignon) et « Sans tambour », le nouveau spectacle musical drolatique de Samuel Achache où l'effondrement d'une maison sera rythmé par des lieder de Schumann (du 7 au 13 juillet au Théâtre des Carmes).
Grands gestes et Ovni
Pas d'Avignon sans spectacles fleuves. On pouvait faire confiance à Olivier Py pour s'y coller. Dans le lieu même où, jeune homme, il avait créé « La Servante », le Gymnase du lycée Aubanel, notre directeur-poète va créer une fresque de dix heures, « Ma jeunesse exaltée », « dédiée aux jeunes de demain »(du 8 au 15 juillet). Autre grand geste, en 13 heures et sept parties, l'intégrale du« Nid de Cendres » de Simon Falguières qui confronte le monde des rêves et le monde de l'actualité, tous deux menacés et cherchant à s'unir pour se sauver (à la Fabrica du 9 au 16 juillet).
Elise Vigier convoquera une grande figure littéraire avec « Anaïs Nin au miroir », un texte d'Agnès Desarthe, qui imagine des comédien (ne) s répétant une adaptation des nouvelles fantastiques de l'écrivaine franco-américaine, soudain confronté(e) s à son fantôme… (Théâtre Benoît XII du 9 au 16 juillet). De son côté Marie Vialle proposera « Dans ce jardin qu'on aimait » d'après Pascal Quignard et Simeon Pease Cheney, une évocation de ce pasteur qui, cent ans avant Messiaen, mettait en musique des chants d'oiseaux (9 au 16 juillet au Cloître des Célestins). Une artiste venue du nord, Sofia Adrian Jupither, mettra en scène l'ultime pièce de Lars Noren, « Solitaire », un « En attendant Godot » moderne ou des hommes et des femmes, pris dans un carré de lumière, palabrent sans savoir ce qu'ils font là (La Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon, du 15 au 23 juillet).
Retour aux classiques : Avignon honorera Shakespeare deux fois, avec « La Tempesta », version italienne de « La Tempête » signée du Turinois Alessandro Serra (Opéra du Grand Avignon du 17 au 23 juillet) et avec « Richard II »,interprété par le royal Micha Lescot dans une mise en scène de Christophe Rauck (Gymnase du Lycée Aubanel, du 20 au 26 juillet). Plusieurs ovnis seront également à l'affiche, comme « Flesh » des Bruxellois Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola, variation drolatique sur le corps ; « Jogging », course folle à travers Beyrouth dévastée, signée de l'actrice Hanane Hajj Ali ; et « Là où je croyais il n'y avait personne » d'Anaïs Muller et Bertrand Poncet, hommage fantasque à Marguerite Duras, prix du Festival de la jeune création Impatiences 2021.
Un hommage au passé glorieux d'Avignon sera rendu avec la recréation par le groupe Merci de « La Mastication des morts », spectacle testament de Patrick Kermann, qui avait bouleversé les festivaliers il y a 23 ans (Cloître du Cimetière de la Chartreuse de Villeneuve, du 21 au 26 juillet). Enfin, le « Il était une fois » invoqué par Olivier Py sera dûment représenté par trois spectacles « jeune public », inspirés de contes : « Gretel, Hansel et les autres » d'Igor Mendjisky, « Le petit chaperon rouge » de Das Plateau et « Le Soldat et la ballerine » de Roland Schimmelpfennig mis en scène par Robert Sandoz.
Alors on danse
Côté danse, un vent de fraîcheur va souffler sur Avignon avec toute une génération de jeunes talents. A commencer par le Belge Jan Martens qui se voit offrir la Cour d'honneur (du 19 au 24 juillet) avec « Futur Proche », pièce d'envergure pour une quinzaine de danseurs du Ballet de Flandres, sur fond de clavecin. Dans sa foulée, on citera Oona Doherty, et sa « Lady Magma », le Libanais Ali Chahrour ou Maud le Pladec. Emmanuel Eggermont, proche du regretté Raimund Hoghe, Miet Warlop à la croisée des disciplines, et Dada Masilo nous donneront des nouvelles du monde en mouvement.
Deux chorégraphes appréciés, Amala Dianor et Marco Da Silva Ferreira, uniront leur force pour...
Lire la suite sur lesechos.fr