EXCLUSIF LES ÉCHOS – Le Centre National de la Musique pourrait récupérer 20 millions de ressources supplémentaires du streaming payant et gratuit, 6 millions des organismes de gestion collective et 6 millions de la contribution de la musique classique.
C'est peu dire que le rapport du sénateur Julien Bargeton sur le financement de la filière musicale demandé par la Première ministre en octobre 2022 et remis ce jeudi à la Rue de Valois, était attendu. Il s'agit de la survie du Centre National de la Musique (CNM), un établissement créé en 2020 sur le modèle du Centre National du Cinéma pour doper et rassembler une filière éclatée. Alimenté par ce rapport, le gouvernement doit désormais trancher.
La filière a vu ces deux dernières décennies son économie bouleversée par la révolution numérique qui a modifié les modes d'écoute: bascule des usages vers les flux musicaux sur des plateformes par abonnement ou gratuites, concurrence internationale accrue, nouveaux modes de production… L'idée est de faire émerger une « F-Pop » français à la manière de la K-Pop coréenne au succès planétaire.
Priorité export
Et pour cela, le CNM doit se déployer pour devenir la « maison commune de la musique », du spectacle vivant à la musique enregistrée, avec trois priorités: le développement international des créations françaises, l'innovation (NFT, intelligence artificielle, Web3.0, sonorisation spatiale…), la structuration du tissu économique pour garantir la diversité et la souveraineté culturelle.
Cela suppose des financements nouveaux, basés sur un principe de solidarité et de redistribution, car jusqu'ici le CNM, créé en 2020, a surtout joué les pompiers face aux confinements imposés par le Covid. Actuellement ses ressources proviennent essentiellement de l'Etat et d'une taxe de 3,5% sur la billetterie du spectacle vivant: 65% de cette taxe retourne aux professionnels du spectacle à hauteur de leurs contributions pour monter de nouveaux projets, et 35% alimente une aide spécifique mutualisée pour encourager les créations, l'émergence. Le sénateur préconise une clé de répartition différente avec 50% de la taxe affectée à cette aide mutualisée, soit l'équivalent d'une taxe de 1,75% qui tombe dans le pot commun.
Indolore pour le consommateur
Ce même taux de 1,75% du chiffre d'affaires, le rapport préconise de l'appliquer aux revenus des plates-formes de streaming, qu'elles soient payantes (Deezer, Spotify, Apple Music…) ou gratuites (You tube, Tik Tok), pour compléter le financement du CNM. Il écarte en revanche toute taxe sur les objets connectés, sur le numérique (taxe Gafam), sur le physique (CD…), sur le téléchargement et sur les radios, de même qu'un financement supplémentaire budgétaire de l'Etat.
« Le streaming est en forte croissance, multiplié par 2 en 4 ans. Actuellement les plates-formes reversent 70% de ces revenus, essentiellement aux majors qui en redistribue une partie, dans une proportion non connue, aux artistes, etc. Elles répercuteront cette taxe sur les majors mais celles-ci ont des marges et ont besoin des plateformes - certaines y ont investi- donc elles seront peu impactées », précise Julien Bargeton. Pour le consommateur ce sera indolore, estime-t-il, car les 15 centimes par abonnement que cela représente ne seront pas nécessairement répercutés, comme le montre le cas de Netflix avec sa contribution au CNC, les prix étant fixés au niveau mondial.
L'aval finance l'amont
Selon lui, «l'idée est que l'aval de la filière finance l'amont. « Les bas de catalogue », les titres amortis, constituent une part importante des streams. C'est aussi une façon pour que les chanteurs du passé alimentent ceux de l'avenir. Il faut savoir que...
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