Mesure de bon sens et d’équité ou atteinte choquante à l’universalisme ? La proposition de Rachida Dati visant à dégager de nouvelles ressources pour la culture et le patrimoine divise nos journalistes.
Défendre un budget stable et même en légère baisse si on tient compte de l’inflation n’a rien d’une sinécure. Plutôt que d’avoir à répondre aux insuffisances de son budget, Rachida Dati, en politique rouée, a parfaitement su déplacer le débat vers les sujets de son choix. Dans une interview donnée au Figaro mercredi 23, elle a donc lancé deux thématiques, qui ont pour point commun de dégager de nouvelles ressources pour la culture et le patrimoine : mettre en place un tarif symbolique pour les visites touristiques de la cathédrale Notre-Dame, et faire payer davantage l’entrée dans les grands musées nationaux aux visiteurs extra-européens.
La première proposition a rapidement été balayée par le diocèse de Paris, qui a toujours eu pour position d’affirmer le principe de « gratuité du droit d’entrée dans les églises et les cathédrales » et l’a rappelé hier après-midi dans un communiqué où il réaffirme que la « mission » de l’Église reste d’« accueillir de façon inconditionnelle et donc nécessairement gratuite tout homme et toute femme ». La suggestion de la ministre entre par ailleurs en contradiction avec la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, qui spécifie que « la visite des édifices […] ne pourra donner lieu à aucune taxe ni redevance ». Fermez le ban.
Oui, au nom du pragmatisme
Tout arrive dans Télérama. Y compris dire du bien d’une mesure envisagée par Rachida Dati. Faire payer plus cher aux visiteurs extra-européens l’entrée aux grands musées relève en effet non seulement du bon sens, mais, aussi, de l’équité. Quand un amateur d’art français, allemand ou italien veut admirer les chefs-d’œuvre du Louvre, il paie en quelque sorte sa visite deux fois : avec ses 22 euros acquittés au guichet ou en ligne… et avec ses impôts qui ont financé les subventions de l’État et de l’Union européenne versées chaque année au premier musée de France. Le touriste américain, anglais ou chinois, lui, ne paie que le billet d’entrée.
À ceux qui s’indigneraient un peu vite de cette discrimination aux allures de « préférence nationale » (ou, pour être plus précis, « communautaire »), on répliquera, d’une part, qu’elle s’applique déjà en partie : la gratuité pour les moins de 26 ans dans les musées nationaux, dont le Louvre, est ainsi réservée aux seuls résidents d’un pays de l’espace économique européen. Et, d’autre part, que certains de nos voisins de l’UE ont pris...
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