Avec la hausse des coûts et les finances publiques en berne, le secteur de la culture subventionnée s'inquiète. On l'a vu aux Bis de Nantes, le rendez-vous des acteurs privés et publics du spectacle vivant qui s'est tenu mi-janvier, avec cette table ronde sur « la fin du spectacle vivant dès 2023 ? ». Ou encore cette tribune des Forces Musicales qui regroupe 51 opéras et orchestres, intitulée : « Madame la ministre de la Culture, la fermeture de nos établissements n'est plus une chimère ». Aux Bis, sa présidente, Aline Sam-Giao a souligné que 89 % de ces maisons devraient suspendre leur activité une partie de l'année faute de moyens.
Selon « La Lettre du Musicien », l'Opéra de Rouen subit une hausse de sa facture énergétique de 450.000 euros, le prix d'une production telle que Rigoletto. L'Opéra de Bordeaux évoque, lui, un surcoût de 1,3 million d'euros. Parallèlement s'ajoutent les hausses salariales : à Bordeaux, cela représente 500.000 euros. Enfin, les baisses de subventions menacent : en Auvergne-Rhône-Alpes, Clermont Auvergne Opéra a perdu 20 % de ses financements régionaux.
Economies tous azimuts
Alors, les recherches d'économies sont multiples : réduction de la température, façade éteinte la nuit, renouvellement d'air plus « maîtrisé », report de projets artistiques coûteux… Mais la tendance est aussi à la mutualisation. Ainsi, le Collectif 17 h 25 a pour projet de standardiser les éléments de décor. Il regroupe cinq structures culturelles voulant partager de bonnes pratiques : le Châtelet , le Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence, l'Opéra de Paris, celui de Lyon, et le théâtre royal de la Monnaie en Belgique.
« Les directions générales ont installé la démarche, puis les directions techniques, les bureaux d'études et les ateliers ont été impliquées. L'idée est de ne pas élargir trop vite ce collectif pour obtenir des résultats concrets afin de transmettre notre expérience à un plus grand nombre d'institutions », explique François Vienne, directeur général adjoint du Festival d'Aix .
Standardiser les éléments de structure qui soutiennent les décors permet leur réemploi d'une production à l'autre, réduit les déchets, le stockage, les volumes à transporter et, au total, le coût des décors.
Sortir des sentiers battus
« La Coopérative » se veut, elle, un outil de production pour faire vivre l'opéra au-delà des grandes institutions. Elle réunit trois scènes nationales (Besançon, Dunkerque, Quimper) et trois théâtres lyriques (Compiègne, Rennes, Tourcoing) pour créer des spectacles qui peuvent être montrés dans des lieux pluridisciplinaires. Le cap des 100 représentations réalisées dans plus de 30 théâtres en France a été franchi. « Autour de ces six membres, nous avons des partenaires, scènes nationales, théâtres de villes, maisons lyriques. Cela a permis de jouer 10-12 fois des productions qui ne l'auraient été que 4-5 fois », a précisé Matthieu Rietzler, directeur de l'Opéra de Rennes, aux Bis.
Le Centre français de production lyrique, rebaptisé « Génération Opéra », a pris de l'ampleur. Il organise le concours Voix Nouvelles qui a révélé de grands noms du chant et fédère des maisons d'opéra pour monter des productions (l'un fait les décors, l'autre les costumes, etc.) avec de jeunes chanteurs, contribuant à leur insertion professionnelle.
Doper la création
De leur côté, cinq formations musicales ont créé le « Consortium créatif » pour passer des commandes à des compositeurs contemporains : les orchestres d'Avignon-Provence, de Bretagne, de Cannes, de Mulhouse, de Picardie. Une initiative inédite en France. « La musique contemporaine est de plus en plus rare dans les orchestres français, et cette initiative offre une visibilité à la création actuelle tout en limitant les coûts », explique Alexis Labat, directeur général de l'Orchestre national Avignon-Provence. Le Consortium est aussi le point de départ pour créer d'autres liens entre...
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