La vente des billets se révèle variable selon les spectacles et les salles en cette fin d'année traditionnellement festive. Menaces autour des concerts parisiens à l'été 2023 et des festivals en 2024, incertitudes sur les soutiens des collectivités et du Centre national de la musique… la reprise ressemble à un parcours jalonné d'obstacles.
La filière du spectacle vivant doit avoir les nerfs solides. Peu de signes positifs en cette fin d'année où traditionnellement théâtres, concerts, opéras, ballets, cirques, font le plein. « C'est une reprise très hétérogène », confie Olivier Darbois, président du Prodiss, syndicat des principaux producteurs et tourneurs de spectacles. « C'est particulièrement compliqué pour les théâtres , avec un public de seniors toujours craintifs face au Covid. A Paris, les transports en commun défaillants et l'impossibilité de circuler en voiture sont aussi dissuasifs pour les spectacles familiaux », poursuit-il.
Dans la musique, les stars internationales, les rappeurs (Lomepal, Orelsan…), les artistes français très populaires (Julien Doré…), les comédies musicales cultes ( Starmania …) cartonnent dans les stades ou Arena . « Mais il devient de plus en plus complexe d'amener les artistes émergents à maturité », note Olivier Darbois.
Ce que confirme Aurélie Hannedouche, directrice du SMA, Syndicat des musiques actuelles. « Les salles petites ou moyennes, où le retour du public est disparate, peinent à boucler leur budget, entre la baisse de la billetterie, la hausse des coûts de l'énergie, les négociations salariales liées à l'inflation, la montée des cachets artistiques, la baisse des subventions. »
Après les coupes en Auvergne-Rhône-Alpes et Grand Est, à leur tour Pays de Loire, Strasbourg, réduisent la voilure. Certaines salles doivent revoir leur modèle économique, se repensent comme des tiers-lieux, mêlant diverses activités : concert, coworking, cours.
La crise énergétique fait bondir les coûts
« La crise énergétique est compliquée pour les salles. Chez nos adhérents, l'augmentation moyenne du coût d'électricité entre 2019 et 2023, s'élève à 173 %, avec des hausses pouvant atteindre 870 %, pour le gaz c'est 147 % et jusqu'à 706 % », précise Malika Séguineau, directrice générale du Prodiss. « L'inflation devient structurelle. Les prix des prestataires ont flambé face à la forte demande quand la filière s'est remise en marche, et ne redescendront pas. C'est vrai pour la technique, les décors, les transports durant les tournées… Les tarifs des billets ne peuvent pas s'aligner, sauf pour quelques stars des musiques urbaines », renchérit Olivier Darbois.
Les travaux du RER B ont pris du retard et cela met en péril
tous les concerts au Stade de France pour juin, juillet et août 2023.
Or la filière est composée à 90 % de TPE et de PME, avec des marges très réduites de 1,5 %. « Une nouvelle dégradation au moment même où elle doit engager la transition écologique, serait fatale », insiste Malika Séguineau, alors que d'autres menaces se profilent.
« Les travaux du RER B ont pris du retard et cela met en péril tous les concerts au Stade de France pour juin, juillet et août 2023. Impossible de les décaler car ils s'inscrivent dans des tournées européennes », note Olivier Darbois lui-même est concerné puisqu'il a programmé Rammstein le 22 juillet au Stade de France, pourtant à guichets fermés.
Des engagements seize mois à l'avance
L'annulation de certains festivals en période de Jeux olympiques liée au manque de forces de sécurité, est encore plus inquiétante. « Cette problématique, c'est nous qui l'avons posée. Quand l'Etat pensait-il nous en aviser ? Dans quel pays interdit-on à un secteur de travailler ? » déplore Olivier Darbois. Pourtant le seul spectacle vivant privé pèse près de 3 milliards d'euros et 130.000 emplois directs selon EY, et en engendre autant parmi les prestataires et au sein de l'économie touristique, incitant les associations d'élus à monter au créneau.
Alors que l'Etat leur promet que 80 % des festivals pourront se tenir, la plus grande crainte des professionnels est qu'à l'approche des JO, l'Etat revienne sur un certain nombre de ses autorisations alors que les frais auront été engagés. « Il faut que fin mars ce soit clair car les engagements sont pris seize mois en amont », rappelle le président du Prodiss.
Au SMA, qui rassemble des événements de taille modeste peu concernés par les restrictions « il y a aussi beaucoup de...
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