L’année ne fait que commencer, mais les prévisions budgétaires sont noires. Le coût de l’énergie s’annonce faramineux, y compris pour les musées européens. Derrière les solutions d’urgence s'annonce une nouvelle organisation.
D’un bout à l’autre de l’Europe, les musées et monuments énergivores s’alarment. Le surcoût enfle partout : au Centre Pompidou, la dépense supplémentaire en 2023 sera de 8 millions d’euros, au Louvre de 10 millions, et au musée d'Orsay de 4 millions, portant la dépense énergétique à 12 % du budget de l’établissement. Au Centre des monuments nationaux (CMN), ce sont 3,5 millions d’euros provisionnés en plus, 2,2 pour les musées de la Ville de Paris qui se félicitent d’être pour plusieurs rattachés au chauffage urbain par brûlure des ordures ménagères, tout comme le musée Rodin. Les dépassements budgétaires ne se limitent pas à la France. Les musées royaux de Bruxelles déplorent une hausse de 170 % sur la seule année 2022, en Allemagne on pronostique déjà une augmentation à l’échelle des musées du pays de 100 millions d’euros.
Au lendemain de la crise du Covid et de la mise à rude épreuve des trésoreries des musées, ces hausses sans précédents des charges fixes inquiètent tous les responsables d’établissement. « Cela a la vertu d’accélérer l’évolution de notre modèle environnemental, précise Anne-Sophie de Gasquet, directrice générale de Paris Musées. Dans un contexte budgétaire fragilisé par la crise énergétique, nous ne maîtrisons pas les coûts. Les rénovations anticipées depuis des années dans nos musées ont permis d’absorber une partie de l’impact mais ne suffisent pas à compenser une telle inflation. » De son côté, le ministère de la Culture prend le sujet du bout des doigts. « Je suis déjà très heureuse d’avoir obtenu 56 millions d’euros pour faire face à l’augmentation des coûts de l’énergie, expliquait Rima Abdul Malak lors de la présentation du budget 2023. Pour la répartition de cette enveloppe [ventilée dans le budget de fonctionnement des établissements et non dans une ligne budgétaire additionnelle, ndlr], nous regardons au cas par cas les situations les plus critiques. Le chiffre est important, mais j’ai bien conscience qu’il ne suffira pas à compenser la hausse des dépenses. » Dont acte. Pompidou obtient une enveloppe supplémentaire de moins de la moitié du montant de la hausse. Tandis qu’au Louvre, si on se réjouit de bénéficier d’un fléchage de 9 millions d’euros (compensant 90 % de la hausse de l’énergie mais négligeant le reste des postes d’inflation ou l’augmentation récente des rémunérations), ceux-ci permettent de revenir à la situation de 2019 pré-Covid, quand ce même montant fut retranché sans préavis de la subvention du musée.
Parer à l'urgence
Pour répondre au défi financier, les musées ont déployé une palette de solutions. Parmi les plus radicales, la Ville de Strasbourg ferma ses musées un jour de plus par semaine à partir du mois de septembre. L’initiative fait florès en Europe. Le MAXXI de Rome, dont la facture d’électricité a bondi de 336 % en décembre, a réduit ses horaires d’ouverture de deux heures, tout comme le Castello di Rivoli dans l’espoir de ne pas avoir à fermer ses salles par rotation. Avec une facture multipliée par six en 2022 et envisagée au décuple pour 2023, le musée national hongrois de Budapest et ses succursales rurales ont baissé leur rideau début novembre jusqu’à nouvel ordre. Autre option plus visible, l’extinction des éclairages nocturnes est adoptée par la quasi-totalité des grands monuments, à l’exception de Notre-Dame de [...]
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