A rebours des annonces fracassantes de Christelle Morançais, qui doit faire voter jeudi 19 décembre son budget 2025, des élus régionaux lancent un chantier de réflexion sur le financement du secteur et le nécessaire renouvellement des politiques culturelles.
Y aura-t-il un effet Christelle Morançais ? En annonçant avec décontraction des coupes inédites dans son budget culture 2025 (entre autres), la présidente (Horizons) de la région Pays-de-la-Loire a-t-elle ouvert la voie à d’autres collectivités, pressées de sabrer également les budgets mais aussi la légitimité d’un service public de la culture ? En attendant le 19 décembre, jour du vote à Nantes qui confirmera ou non la baisse de 100 millions d’euros (l’Etat n’en demandait que 40 %) annoncée le mois dernier, les regards convergent vers les autres régions et le secteur retient son souffle. Un soulagement s’est fait entendre le 12 décembre côté Bretagne. Par communiqué, le président, Loïg Chesnais-Girard (ex PS), envoyait une fléchette dans le mollet de Christelle Morançais, informant que, «à rebours des décisions prises par d’autres collectivités», le vote du budget 2025 confortait les crédits accordés à la culture, aux langues et aux sports. Avant d’ajouter, vibrant, épée en main, que «ces trois domaines essentiels pour notre qualité de vie et la cohésion sociale de nos territoires sont l’âme de la Bretagne». Seconde fléchette.
Selon nos informations, seules les régions Bretagne et Bourgogne-Franche-Comté seraient en mesure de sanctuariser les crédits culture. Les autres anticipent toutes des baisses. Même si certains votes seront différés, comme l’espère le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), principal représentant des employeurs de la filière, qui appelait le 12 décembre au report de toute décision de coupes budgétaires motivées par un projet de loi de finances devenu caduc après la censure du gouvernement. «Sans nier la gravité des enjeux budgétaires […], tout plan d’économies nécessite au préalable de prendre le temps d’une réflexion responsable, afin que ces économies ne conduisent pas à l’effondrement de tout un secteur d’activité.»
Les collectivités, premières financeuses de la culture
Qu’ils soient finalement contraints ou non de revoir à la baisse leurs ambitions, plusieurs élus régionaux de tous bords n’entendent pas, en tout cas, porter l’infâme chapeau de fossoyeur des arts. Fin novembre, à la suite des prises de paroles populistes de Christelle Morançais, quatorze vice-présidents de région en charge de la culture s’exprimaient collectivement dans une tribune inédite lancée par Catherine Morin-Desailly, sénatrice centriste de Seine-Maritime, présidente déléguée de la commission culture de Régions de France. Parmi les signataires, l’ancienne directrice des Trans Musicales de Rennes Béatrice Macé, aujourd’hui en charge du portefeuille à la région Bretagne, mais aussi nombre de délégués culture du centre et de droite, comme Sophie Rotkopf (LR), vice-présidente de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui compte désormais dans son...
Lire la suite sur liberation.fr