
En parallèle de la grand-messe de l’intelligence artificielle qui se tient au Grand Palais, un contre-sommet vient en pointer les dérives et les dangers. « Le Nouvel Obs » était là.
A trois cents mètres du Grand Palais où se tient le Sommet de l’IA annoncé depuis des mois par l’Elysée avec trompettes et cocoricos, et qui rassemble à Paris les grands patrons de la « tech », selon l’expression consacrée, le Théâtre de la Concorde faisait figure lundi 10 février de petit village gaulois. A l’affiche, un « Contre-sommet de l’IA : pour un humanisme de notre temps ». Qui dit petit village gaulois dit résistance mais résistance à quoi ? Non pas à l’intelligence artificielle dans son ensemble (personne ne s’oppose à un diagnostic médical affiné), mais principalement à une forme particulière de l’intelligence artificielle, celle dite « générative », apparue le 30 novembre en 2022 avec la mise en ligne de ChatGPT. Le genre de système qui, en quelques secondes, produit un texte, une affiche, la traduction d’un livre, une vidéo, une musique. L’auteure de ces lignes a un jour commandé ceci à une IA : « Blanche-Neige dessinée par Léonard de Vinci ». Résultat bluffant en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.
L’intelligence artificielle (« arnaque sémantique », disait une femme dans le public du contre-sommet, demandant que soit renommée la chose) est donc en train de préempter tranquillement le propre de l’homme à l’issue du plus grand casse de toute l’histoire de l’humanité : pillage du talent d’autrui, pillage des beaux-arts, pillage des plus grands romans. Le tracé d’une cathédrale, « les Fleurs du mal », la phrase stupéfiante de Céline : tout...
Lire la suite sur nouvelobs.com