Alors que Catherine Pégard achève une année de présidence par intérim, la nomination de son successeur tarde à venir. Les prétendants ne manquent pourtant pas à ce poste très convoité et éminemment politique.
Qui pour présider le domaine de Versailles, un des joyaux de la culture française? Le 5 mars prochain, Catherine Pégard «fêtera» un an de présidence par intérim. C’est du jamais vu dans l’histoire des nominations, cette disposition étant censée être de courte durée, le temps pour un successeur d’arriver.
Nommée par Nicolas Sarkozy en 2011, renouvelée en 2016, puis en 2019, l’ancienne journaliste et conseillère à l’Élysée continue donc à gérer le château et le parc comme si de rien n’était. Âgée de 67 ans (elle en aura 68 en août prochain), elle sait que ses jours sont comptés. Ce qui lui donne une forme de légèreté et de liberté: chaque jour qui passe est, en quelque sorte, un jour de plus. Versailles étant un paquebot, et fonctionnant encore sans les touristes étrangers, les affaires courantes roulent, les restaurations de patrimoine sont engagées et les projets continuent d’avancer.
En cette mi-février, l’ambiance autour de sa succession, que l’on sait inéluctable, finit tout de même par être un peu étrange, faite de rumeurs et d’informations contradictoires. Il n’y a même pas «d’avis de vacance» publié, comme c’est l’usage. Et le ministère de la Culture, qui est censé proposer des noms de successeurs au président, lequel a la haute main sur le choix final, ne sait plus à quel saint se vouer.
Candidats réels ou supposés
Le poste, un des plus intéressants dans la culture, réclame un profil éclectique, capable de nager dans les méandres de l’Ancien Régime tout en projetant le monument dans l’avenir. Une personnalité sachant lancer des expositions, recevoir des grands mécènes, mais aussi accueillir les grands de ce monde. La présidence du domaine n’étant pas réservée à un conservateur du patrimoine, elle est par essence politique. Depuis plusieurs mois, des noms de candidats, réels ou supposés, que certains aimeraient pousser ou au contraire éloigner, circulent. Primus inter pares, Camille Pascal, une des plumes du premier ministre et ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy. Romancier, historien spécialiste des XVIIe et XVIIIe siècles, conseiller d’État, il ne cache pas son souhait de prendre Versailles. «Je ne vais pas vous dire que je ne suis pas intéressé, ce serait ridicule», a-t-il même confié à nos confrères du Parisien.
Jean d’Haussonville, qui dirige le domaine de Chambord, fut un temps donné comme favori dans cette course dont on ne connaît pas clairement les règles. Son bilan à Chambord est bon, chacun a cru comprendre que cela lui plairait, même s’il prend soin de rester discret sur la question. On dit que le chef de l’État l’apprécie, au moins autant que le château de Chambord. Plus récemment, le nom du directeur du Mobilier national, Hervé Lemoine, a été avancé. N’est-il pas proche de Brigitte Macron, et très en cour depuis qu’il a brillamment redécoré l’Élysée? Fausse piste, visiblement: ce dernier laisse dire et poursuit son activité.
Un domaine à part
Le nom de Franck Riester, ancien ministre de la Culture et actuellement chargé du Commerce extérieur, est également arrivé dans les conversations. Lui aussi dément formellement. Récemment, c’est Martin Béthenod, ancien directeur de la Collection Pinault, qui nourrit les rumeurs. «Le sujet de l’après Catherine Pégard est bien sur la table, mais nous n’avons pas encore trouvé le candidat adéquat», fait savoir l’entourage du président de la République.
Jusque-là, la présidence a plutôt fait un sans-faute dans le choix des personnalités pour diriger les grands établissements culturels. On a vu par exemple arriver Chris Dercon au Grand Palais, Alexander Neef à l’Opéra de Paris, Olivier Mantei à la Philharmonie de Paris, Christophe Leribault au Musée d’Orsay, Laurent Le Bon au Centre Pompidou, Laurence des Cars au Louvre, ou l’historien Pap Ndiaye au Musée national de l’immigration. Tous ces profils, solides, ont été bien accueillis.
Mais il faut croire que Versailles...
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