
Les modifications de dernière minute apportées par le gouvernement sur le budget de la culture ont semé le trouble parmi les sénateurs, qui ont néanmoins adopté les crédits proposés ce vendredi 17 janvier. Au cours des débats, les élus ont voté la création d’un fonds d’urgence, à destination du spectacle vivant et de la création artistique, ainsi qu’une baisse de 35 millions d’euros des crédits du Pass culture.
Le Sénat a adopté ce vendredi matin les crédits dévolus à la culture dans le projet de loi de finances 2025 (PLF), au terme d’une séance assez confuse, marquée par le dépôt à la dernière minute d’amendements du gouvernement minorant certains des engagements pris sous Michel Barnier, au grand dam des élus. Plusieurs sénateurs de gauche sont notamment intervenus pour dénoncer le bouleversement des équilibres financiers, aboutissant ainsi à une copie budgétaire devenue difficilement lisible.
« Je n’y comprends rien, j’aimerais qu’on m’explique », s’est notamment agacée la sénatrice écologiste Monique de Marco, tandis que son collègue communiste Pierre Ouzoulias a pris la parole pour rappeler que « l’intelligibilité des débats dans l’hémicycle était une obligation constitutionnelle ».
« Je ne sais pas si la tâche est aisée d’expliquer ce qui n’est pas forcément simple… », a ironisé Laurent Lafon, le président de la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport, sollicité par ses collègues pour tenter de clarifier les débats. Pour comprendre l’origine de ce méli-mélo législatif, il convient de reprendre le parcours inédit de ce PLF.
« Nous sommes passés du rab au rabot »
Dans la version initiale du budget présentée cet automne, le montant global des crédits alloués à la culture s’élevait à 3,9 milliards d’euros, en très légère augmentation par rapport à 2024 (+ 2 %). Devant le Sénat, le gouvernement s’était engagé à verser par voie d’amendement une rallonge de 300 millions d’euros essentiellement fléchée vers la préservation du patrimoine, alors que 20 % des 45 000 monuments historiques de France seraient en mauvais état, selon les chiffres du ministère. Mais un arbitrage rendu en décembre est venu porter un premier coup de rabot de 100 millions d’euros aux crédits du ministère.
Après une suspension des travaux budgétaires de plus de six semaines, conséquence de la censure du gouvernement Barnier, les amendements gouvernementaux ont été réécrits par l’exécutif dans la nuit de jeudi à vendredi, intégrant à la baisse déjà prévue une nouvelle minoration de 50 millions d’euros cette fois, que la ministre de la Culture, Rachida Dati, a en partie justifié par « le retard pris avec la censure ». « L’idée n’est pas de dépenser en dix mois ce que nous souhaitions faire en douze », a expliqué la locataire de la rue de Valois, alors que le vote d’une loi spéciale, fin décembre, a permis de reconduire pour ce début d’année les crédits de 2024 en l’absence de budget voté.
« Ce budget, entre Bercy et le ministère de la Culture, c’est l’ascenseur émotionnel. Nous sommes passés du rab au rabot et finalement au rabot du rab ! », a résumé avec un certain agacement la sénatrice centriste Sonia de la Provôté.
« On ne savait pas pour quoi on allait voter, un budget en hausse ou en baisse ? »
À chaque fois, la commission a voulu limiter la casse avec des sous-amendements de revalorisation, qui ont également mis à l’épreuve les capacités de calcul des parlementaires, pris de court par ces ajustements de dernière minute. « Je vous avoue qu’à ce stade de la discussion, je n’ai pas refait les totaux », a fini par avouer le sénateur macroniste Bernard Buis.
Si bien qu’au moment du vote des crédits, l’ensemble de la gauche a préféré voter contre, moins pour des questions de fond que de forme. « Tout le monde était perdu. On ne savait pas ce pour quoi on allait voter, un budget en hausse ou en baisse ? Ni vers quelles missions exactement sera fléché l’argent », a reconnu un élu auprès de...
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