
La Scène Indépendante estime injustes les réformes envisagées au sein de l’Association pour le soutien au théâtre privé (ASTP) et n’exclut pas de porter son différend devant les tribunaux.
C’était promis, tout devait enfin rentrer dans l’ordre. La triple réforme de la gouvernance d’abord, avant celle du système d’aides et du financement de l’Association pour le soutien au théâtre privé (ASTP), doit être entérinée lors du conseil d’administration prévu jeudi 27 mars. Mais, une fois de plus, cette association traverse une crise aiguë, et la nouvelle réforme est mise en cause par son principal opposant, avec en toile de fond une sourde bataille entre les théâtres parisiens et ceux de région.
« Le projet de refonte des statuts traduit la volonté que “tout change pour que rien ne change” », écrit Fabrice Roux, président du syndicat La Scène indépendante, à la ministre de la culture, Rachida Dati, dans une lettre datée du 21 mars que Le Monde a pu consulter. Il assure que le nouveau conseil professionnel qui doit être créé « respecte parfaitement les déséquilibres de l’ancien conseil d’administration afin que ceux-ci puissent perdurer au sein de l’ASTP ». Une façon selon lui de créer une seconde entité – ce conseil professionnel – au sein de l’ASTP qui permettrait de faire revenir « par la fenêtre les inégalités et injustices que le conseil d’administration était censé » bannir.
L’ASTP est financée par une taxe de 3,5 % perçue sur les spectacles dramatiques, lyriques et chorégraphiques (soit 8,15 millions d’euros en 2023), puis par l’Etat (3,6 millions) et la Ville de Paris (3,12 millions), qui avait expliqué en novembre 2024 qu’elle n’apporterait plus son écot à cette association tant qu’un sérieux aggiornamento n’était pas entériné. En effet, un rapport d’une rare sévérité de l’inspection générale des affaires culturelles (IGAC), sous l’égide du ministère de la culture, avait épinglé en juin 2024 le fonctionnement de l’ASTP. Les auteurs déploraient que ce « système [soit] conçu par et pour les théâtres parisiens » et que, « sur le millier de contributeurs au fonds de soutien, seuls 53 membres actifs de l’ASTP en bénéficient ». Un état de fait contraire aux « obligations légales et réglementaires », selon ce rapport. Le président de l’ASTP, David Roussel, et la déléguée générale, Anne-Claire Gourbier, assurent avoir commencé à ouvrir les aides aux autres théâtres de province.
« Une fausse réforme »
Le rapport précisait ainsi que le groupe Fimalac de Marc Ladreit de Lacharrière (Théâtre Marigny, Bouffes parisiens, Théâtre de Paris…) – également l’un des précieux mécènes du Louvre – s’était vu attribuer 24 % du montant des aides en 2022. Sans surprise, les plus gros propriétaires de théâtre parisien souhaiteraient conserver leur pré carré au sein de l’ASTP. Dans le futur conseil d’administration, une part plus...
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