En réaction aux coupes budgétaires de 73 % par la région Pays de la Loire, un journaliste du Journal du Dimanche s'est attaqué aux inquiétudes qui sévissent dans le secteur culturel. Marin et Perrine Chapoutot, respectivement ancien clarinettiste gagnant de Prodiges en 2016 et directrice du festival Syrinx (Touraine), partagent leur colère face à ces propos.
« La beauté sauvera le monde ». La formule providentielle de Dostoïevski n’a visiblement pas intégré l’espace cognitif de certains journalistes, qui exploitent le fond de commerce de l’indécence pour livrer un « bon papier ». Le JDD s’est particulièrement illustré la semaine dernière dans cet exercice gratifiant pour le petit milieu « libéral » parisien qui fait la chasse aux « assistés ». Mais l’auteur des lignes de l’article en question, outre que le lexique employé transpirait la condescendance, a pu manifester une ignorance coupable du milieu de la culture.
Il est dans les grandes lignes indiqué que les artistes aussi « sympathiques soient-ils » ne vont tout de même pas se plaindre de « crever la dalle » compte tenu de la situation budgétaire du pays. Et d’ailleurs, changer de métier ne serait pas une si mauvaise idée, entre jouer un concerto de Dvorak par cœur au violoncelle et être maçon dans un chantier à Saint-Nazaire, il n’y a qu’un pas. On a bien compris que pour ce journaliste, expert auto-proclamé du budget, la coupe des subventions drastiques dans la région Pays de la Loire n’était au fond que l’affaire d’un orchestre ou de festivals d’assistés biberonnés à la dépense publique.
Aujourd’hui, la France, ce pays qui proclame à qui veut l’entendre qu’elle possède une exception culturelle dans le monde, voit ses orchestres asphyxiés depuis plusieurs années par des coupes budgétaires incessantes. Les calculs comptables des pouvoirs publics qui désertent le champ culturel deviennent alarmant pour un secteur qui fait vivre plusieurs centaines de milliers de personnes au prétexte non-avoué que « le beau » n’est pas rentable. Les plus grands festivals comme les Folles journées de Nantes, bien que faisant salle comble, se retrouvent en difficulté. En effet, c’est un mensonge éhonté de dire que le secteur culturel ou du moins une partie comme la musique classique sont passés de mode. Le public est au rendez-vous, seulement l’essence même de cette activité coûte cher, en dépit du prix des places. De plus, la pression fiscale qui pèse sur les rémunérations des intermittents qui est presque à hauteur de 50%, est une charge considérable pour les organismes culturels. Ajoutons que les aides du privé permettent au navire « culture » de flotter.
Le journaliste du JDD ajoute à sa prose « anti-assistanat » que la culture n’est pas constitutionnellement protégée. Il serait souhaitable qu’il nous fasse grâce de ses analyses juridiques pour que l’on puisse aborder le vrai...
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