A la MC 93 à Bobigny ou au Point-Virgule à Paris, des artistes réinvestissent les théâtres, pour répéter ou créer de nouveaux spectacles.
« Je fais des pâtes, ça gonfle, donc j’en fais trop. Je ne peux pas manger que des tomates. Une tomate c’est un Babybel d’eau » Sur scène, Nadim enchaîne les répliques, un balai dans la main, ordinateur à proximité. Cet humoriste s’entraîne au Point-Virgule, à Paris, qui accueille ses artistes en mal de lieu de travail. La salle de spectacles se déconfine petit à petit, comme beaucoup d’autres théâtres, où la vie reprend de diverses manières, entre répétitions, créations et travaux, ou d’autres initiatives. En attendant que le public puisse y revenir.
« Tout avait gelé, et là ça craquelle… L’activité commence à poindre son nom partout… On remet de la vie », nous explique par téléphone Jean-Marc Dumontet, producteur français de spectacles qui possède pas moins de six théâtres privés. Presque chacun de ces lieux a retrouvé un peu d’activité depuis le déconfinement, le 11 mai dernier. Ainsi au Théâtre Antoine, l’animateur de radio et comédien Edouard Baer est revenu répéter son spectacle Les élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce, qu’il aurait dû jouer à partir du mois de juin. A Bobino, les Coquettes, alias Marie Facundo, Juliette Faucon et Lola Cès, ont fait une première session de travail, pour leur nouveau spectacle qui devait se jouer en juillet. Le Grand Point-Virgule a aussi accueilli quelques artistes et des tournages pour la chaîne Paris Première. Le Théâtre Libre profite de cette zone grise pour se faire faire une beauté en travaux, tandis que le Sentier des Halles est resté vide, selon Jean-Marc Dumontet.
« Ici, ce n’est pas la même énergie »
Nadim, qui devait participer au Festival d’Humour de Paris le 24 mars, annulé pour cause de confinement, a profité de ce temps reclus chez lui pour écrire. Il n’est pas mécontent de retrouver les planches, même sans public. « Ici je vois comment j’envoie de l’énergie, je teste des nouveautés, je regarde comment envoyer des mots, quelles intonations prendre. Chez moi il y a un frigidaire, une télévision, ma fille qui ne va pas à l’école… Ici, ce n’est pas la même énergie. C’est un lieu où tu sens que tu vas travailler », nous explique-t-il, entre deux répliques de son spectacle (qui se jouera à partir du 18 septembre) lancées sur des tons différents agrémentés d’envolées de bras.
D’autres artistes ont réinvesti les théâtres, un peu partout en Ile de France. C’est le cas au Nouveau théâtre de Montreuil et à la Ménagerie de Verre à Paris, où des comédiens préparent le festival Les Inaccoutumés. La troupe de comédiens du Théâtre de la Ville répète à l’Espace Cardin, dans le 8e arrondissement de la capitale. Des propositions artistiques de plein air doivent avoir lieu dès ce mois de juin, en association avec des médecins de l’Hôpital de la Salpêtrière. Son voisin le Châtelet va être transformé en plateau de tournage par France Télévisions, pour enregistrer des spectacles qui auraient dû être en tournée cet été.
Sur scène, une accordéoniste change de couleur
La MC 93, à Bobigny, aide aussi les artistes, à sa manière, en accueillant des spectacles qui auraient dû être créés pendant le confinement. « Certains spectacles ont été annulés. D’autres vont être reportés. La plupart ne deviennent rien. J’ai privilégié ceux qui...
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