Le Gala de danse de l'Opéra de Paris en mode numérique, l'appel au secours du château de Chantilly auprès des internautes, la refonte totale des projets à soutenir pour aider le Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence. Les institutions, fermées, doivent innover face à la crise pour toucher leurs donateurs.
La fermeture forcée des salles de spectacle ne pouvait pas tomber plus mal pour le dîner de levée de fonds de l'Opéra de Paris, déjà très impacté par les pertes de billetterie et les grèves . Alors pas question de renoncer à cette manne : mercredi, la maison lyrique a organisé son 6e gala d'ouverture de la saison de danse au Palais Garnier en version numérique, le diffusant sur sa plateforme chezsoi.operadeparis.fr.
Cette soirée avait une saveur particulière aussi pour les 250 danseurs - Etoiles, Ballet, petits rats - réunis après de longues semaines d'interruption pour une représentation unique, sans public. Et pour apporter une touche festive à l'événement, les donateurs ont reçu à domicile un coffret préparé par des chefs du Fooding, le traiteur Saint Clair et la maison Taittinger.
« Cela a permis de lever plus d'un million d'euros, soit à peu près la même somme que d'habitude, dont 80 % grâce à Chanel, mécène de la saison du ballet, et à Rolex, montre de l'Opéra de Paris », précise Jean-Yves Kaced, responsable du développement et du mécénat de l'Opéra National de Paris. D'autres entreprises (BNP Paribas, Crédit Agricole CIB, Van Cleef…) mais aussi 200 philanthropes individuels ont répondu présents, ainsi que des amateurs ayant conservé le billet acheté pour le spectacle en présentiel.
Grâce à eux, pour la première fois, chacun va pouvoir découvrir gratuitement ce gala capté et mis en ligne samedi pour six mois.
Appel au secours
Le château de Chantilly s'est lui aussi adapté, mais en urgence, lançant début janvier un SOS aux internautes : « demain, nous aurons besoin de vos visites, aujourd'hui, nous avons besoin de votre aide ».
Plus encore par temps de Covid, un seul être vous manque et tout est dépeuplé… En l'occurrence le prince Karim Aga Khan, qui tire sa révérence , après quinze ans de soutien et 70 millions apportés au domaine, au moment où le château, son parc, ses écuries ont été fermés pendant cinq mois en 2020 à cause de la pandémie.
« La situation est catastrophique car nous passons entre les trous de la raquette. Nous ne sommes pas une entreprise privée, donc nous n'avons pas droit au PGE, au chômage partiel, aux compensations pour perte de chiffre d'affaires. Et nous ne sommes pas un établissement de l'Etat puisque Chantilly a été légué à l'Institut de France, donc nous n'avons pas droit aux mesures du plan de relance du ministère de la Culture » déplore Christophe Tardieu, directeur du domaine.
D'où un déficit de près de 5 millions alors qu'il faut assurer l'entretien du site et le salaire des 130 employés. Et les subventions de 800.000 euros de l'Etat, 250.000 de la Région et 200.000 du Département sont insuffisantes face aux travaux annuels de 3 à 5 millions à effectuer.
Plus de 92.000 euros ont déjà été récoltés en ligne, sur les 200.000 visés. « Bien sûr, cela ne va pas tout résoudre. En avril, la trésorerie sera à sec. Mais cette campagne fait rentrer un peu d'argent, attire l'attention sur notre cas, et remonte le moral car ces dons de 50 à 60 euros sont accompagnés de mots de soutien », poursuit Christophe Tardieu.
Trouver du sens
Du côté du Festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence, Mathias Coullaud, directeur du mécénat et du développement, revoit lui aussi sa copie. « Notre club Campra, créé il y a dix ans, rassemble les entreprises du territoire, qui, aujourd'hui, ont des préoccupations RSE, écologiques, sociales et attendent des projets porteurs de sens, plutôt que des contreparties sous forme de soirées avec leurs clients ou collaborateurs », souligne-t-il.
Alors, ces mécènes vont pouvoir soutenir la gestation d'une création, favoriser l'accès de publics éloignés, accompagner...
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