Les défis sont immenses pour l’ancienne conseillère d’Emmanuel Macron. « Sera-t-elle une ministre qui gère ou qui ose ? » s’interroge dans sa chronique Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde ».
L’été est rarement la saison des questions qui fâchent pour la culture. On les range sous le tapis jusqu’à septembre. L’esprit est à la fête et au plaisir. Les ministres participent de cette euphorie, courent de festival en festival, serrent des mains le sourire aux lèvres et écoutent les créateurs. En 2015, le président François Hollande conseillait à la novice Fleur Pellerin : « Dis-leur que c’est bien, que c’est beau. Ils veulent être aimés. »
La nouvelle ministre de la culture, Rima Abdul-Malak, fait aussi son tour de France. Le 25 juin, elle a assisté au concert de Guns N’Roses, au festival de metal Hellfest. Le lendemain, elle a acclamé dans la foule son ami le chanteur -M- à Solidays. Une photo la montre le bras levé et hurlant comme une fan. L’image traduit son côté frais, qui tranche avec ses prédécesseurs, souvent raides comme des piquets.
A 43 ans, Rima Abdul-Malak est une totale inconnue du public et une figure plus que familière du monde de la création. Nombre d’articles contribuent à combler le fossé, par exemple un entretien fleuve sur le site Internet du Point, le 5 juillet. A ce niveau, c’est une confession : sa double nationalité franco-libanaise, Beyrouth en guerre qu’elle quitte à l’âge de 10 ans, ses études à Lyon, son CV, ses valeurs de gauche, son appétence pour la poésie… Les portraits sont bienveillants, y compris celui du Canard enchaîné, le 1er juin.
Rima Abdul-Malak a des atouts. Elle est passionnée de culture, ce qui est normal. Elle maîtrise la machine et ses rouages et c’est plus rare. Surtout elle a rendu un important service à Emmanuel Macron, dont elle fut la conseillère à partir de 2019. Quand elle le rejoint, le président est en panne culturelle. La pandémie de Covid-19 saigne le secteur, ses acteurs dénoncent un manque d’amour et d’argent, le Pass culture est un fiasco onéreux – un chéquier dépensé par les jeunes pour acheter des mangas –, le ministre de la culture d’alors, Franck Riester, est terne. Macron peste : « Il me manque un Lang. »
Rima Abdul-Malak lui propose une batterie d’actions qui lui permettent de reprendre la main, dont la plus ahurissante est une réunion retransmise sur Internet, en mai 2020, où le président, en bras de chemise au milieu de créateurs, leur promet...
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