La ministre de la Culture a annoncé ce jeudi un ensemble de nouvelles mesures visant ce fléau. Anne Montfort, élue au Syndicat des entreprises artistiques et culturelles, souligne auprès de «Libération» l’importance symbolique de cette action gouvernementale mais en pointe aussi les limites.
Objectif : taper au portefeuille. Un peu plus d’un mois après le lancement du mouvement #MeTooThéâtre dans la foulée de l’enquête de Libération sur le metteur en scène Michel Didym, Roselyne Bachelot a présenté ce jeudi son plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le spectacle vivant. A partir de janvier 2022, le ministère de la Culture conditionnera le versement de ses 272 millions d’euros de subventions à des engagements pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Qu’il s’agisse de structures de théâtre, de musique ou de danse, les mesures à respecter seront les mêmes : se conformer aux obligations du code du travail, créer un dispositif interne de signalements, former les équipes à ces questions et engager une évaluation annuelle des actions.
Des annonces positives sur le papier, selon le Syndicat des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), mais qui restent encore insuffisantes. Anne Montfort, élue en charge de l’égalité femmes-hommes et de la diversité de cet organisme, regrette en particulier auprès de Libération l’auto-évaluation attendue des établissements. La syndicaliste appelle également à un travail plus profond sur la parité dans le secteur.
Que retenez-vous du plan annoncé par la ministre de la Culture ?
D’un point de vue symbolique, ces annonces sont très positives. C’est fort de s’attaquer aux conditions de versement des subventions. Mais pour que cela fonctionne, il faut que ces mesures soient suivies d’effets et que les contraintes soient fortes.
Le point le plus important est que la formation sur les violences sexistes et sexuelles soit rendue obligatoire. Au niveau du Syndeac, on a déjà lancé des formations similaires cet été, mais on n’a évidemment pas la force de frappe de la contrainte. C’est important car il y a encore énormément de points juridiques que les directions ne connaissent pas. Par exemple, beaucoup pensent que si une plainte est déposée, il n’est pas possible de mener une enquête interne. Ce qui n’est pas le cas. Il ne faut pas confondre droit du travail et droit pénal.
De nombreuses victimes estiment aussi que le dépôt de plainte au commissariat est la seule solution, alors que saisir son employeur est une autre voie possible quand les faits ont lieu dans le cadre du travail.
Les structures évalueront elles-mêmes leur respect de ces mesures. Un point qui inquiète le Syndeac…
L’auto-évaluation nous alerte. Tous les ans, les structures devront tirer un bilan et mesurer elles-mêmes si elles ont respecté ou non les mesures annoncées. Cela ne nous semble pas être efficace. Pour donner un exemple, la feuille de route ministérielle pour l’égalité adoptée en 2018 prévoit des objectifs de progression chiffrés sur la programmation des femmes artistes. Mais cette mesure n’a pas été mise en œuvre, faute de remontée faites par les structures, car c’est aussi une auto-évaluation.
Il faut que cette évaluation annuelle soit objectivée. Bien qu’il existe des structures vertueuses, il y a aussi des personnes en position de pouvoir qui pourraient avoir intérêt à ne pas faire remonter ces données. Le Syndeac a lancé sa ...
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