Virginie de Crozé est directrice de la communication et des relations avec le public du Festival d’Avignon.
La Lettre du Spectacle : Depuis deux éditions, vous avez développé l’action « Entre journalisme et culture, je choisis les deux ! ». Quels étaient le constat et les idées de départ ?
Virginie de Crozé : L’idée est née d’un double constat. Le premier : le départ de certaines grandes plumes qui n’ont pas toujours de successeurs et successeuses ou qui s’ils en ont, voient leur « surface » diminuée. Cela pose la question des activités solitaires, de travailler sa transmission mais aussi de la place de la culture qui peut se trouver diminuée et malmenée lors d’un changement. Le second : les nouvelles générations de journalistes « audiovisuels ou numériques » qui effectuent des remplacements lors des congés d’été et qui arrivent au Festival sans savoir où ils mettent les pieds. Malgré les explications pédagogiques de notre bureau de presse, nous voyons bien que les sujets ne sont pas totalement maîtrisés et l’écosystème festival pas toujours bien compris. Au fil des discussions, l’intérêt pour accompagner au mieux les nouvelles générations de journalistes s’est renforcé et une certaine responsabilité vis-à-vis de ce « public de futurs professionnels » a fait son chemin. J’ai commencé à me rapprocher des écoles de journalisme et chaque directeur m’a répondu la même chose : le journalisme culturel ne fait plus parti des cursus, il est un angle mort des pédagogies qui se veulent plus transversales, généralistes, techniques ou encore en phase direct avec le marché de l’emploi. La problématique a donc été de chercher comment pallier ce manque et d’offrir des opportunités de formation dont tout le monde sortirait gagnants : les étudiants, la presse, le Festival, le secteur de la culture et in fine le public.
Quels en sont les objectifs ?
Si les écoles ou universités ne traitent pas le sujet ou que partiellement, comment, nous, événement culturel qui avons besoin de ces publics professionnels, pouvons-nous offrir nos compétences, notre savoir-faire et notre réseaux à une génération qui aimerait faire ses armes sur le terrain ? Donc très pratiquement, l’objectif est de faire découvrir les spécificités de notre secteur : Qu’est-ce qu’une création ? Comment se monte une production ? Qu’est qu’un montage, une mise d’un point de vue technique ? Qu’est-ce qu’une Virginie de Crozé est directrice de la communication et des relations avec le public du Festival d’Avignon.tournée et les retombées économiques qui s’en suivent ? Comment parler de danse ? Qu’est qu’une filiation historique ? Quid des artistes étrangers... Provoquer du désir pour ensuite développer sa culture artistique et balayer tout ce qu’un journaliste doit comprendre pour traiter un sujet aussi intense que la création et les écosystèmes festivaliers. Pour cela, le Festival d’Avignon est un terrain de jeu « grandeur nature ».
À qui ce temps était-il destiné ?
À des étudiants journalistes, d’écoles ou d’universités, de France (Paris et province) ou de l’étranger. L’envie devait être là et la disponibilité aussi.
Comment se sont déroulés les parcours ?
Concrètement, ce projet est en deux temps, chacun très « pratico-pratique ». Un premier temps de compréhension du Festival, avec beaucoup de rencontres impliquant des professionnels : artistes, équipes techniques, administratives de production, programmation… des visites de lieux, des montages, des répétitions… Bref, tout ce qui fait le sel de nos métiers. C’est donc un temps d’imprégnation et nous en confions l’encadrement à un de leur pairs, Antoine de Baecque, passé par Libération la première année et Marie-Josée Sirach de l'Humanité en juillet dernier. La supervision par un journaliste me semble capitale pour définir au mieux les enjeux de ce secteur et pour que nous ne soyons pas, nous Festival, intrusif dans un secteur dont l’indépendance est la clef. Ensuite, chaque étudiant devient stagiaire au sein d’une rédaction. Cela est possible grâce aux partenariats médias très forts que nous avons et il m’a été aisé d’être en discussion avec chacun pour expliquer le projet et faire naître un sentiment de « co-responsabilité festival et médias » vis-à-vis de cette nouvelle génération et de l’avenir du métier. C’est pour cela que nous pouvons nous appuyer sur Les Inrocks, RFI, France Bleu Vaucluse, Transfuge, Sceneweb, l’Humanité, Théâtre(s), RTBF. Ils vont tous jouer le jeu, accueillant un stagiaire au sein de leur rédaction, le formant et lui confiant des sujets. Certains ex-étudiants de notre première promo sont même revenus cette année pour couvrir le Festival – la passion, la métier et le réseau ont opéré !
En votre qualité de directrice de la communication du Festival d’Avignon, quel est votre regard sur l’évolution du journalisme culturel, en particulier dans le domaine du théâtre ?Regarder de l’extérieur le secteur de la presse culturelle être malmené, se plaindre de l’état des choses et ne pas agir n’est pas mon fort. Je préfère être...
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