EDITORIAL. Alors qu’il vit une catastrophe sans précédent, le monde de la culture a besoin non seulement d’une sérieuse bouée financière, mais aussi de projets de relance concrets.
Editorial du « Monde ». Librairies, musées, cinémas, salles de spectacle, théâtres, bibliothèques, festivals… le rideau s’est baissé sur tous les lieux et manifestations culturels, anéantis par la crise sanitaire et désormais tétanisés par l’absence de perspective claire sur un calendrier de réouverture. Pourtant, la culture n’est pas à l’arrêt. C’est le paradoxe de cette période totalement inédite : tout est fermé mais, de chez soi, tout ou presque est accessible. De son canapé, on peut parcourir les collections numérisées du Louvre, écouter un opéra, regarder un spectacle de la Comédie-Française, découvrir les trésors de la Cinémathèque, etc. Et on ne compte plus le nombre d’initiatives artistiques pour offrir, à travers les écrans, un ballet ou un concert en visioconférence.
« Dans cette période de confinement où l’isolement et l’ennui peuvent peser, la culture a un rôle majeur à jouer, et elle peut nous aider à mieux vivre l’épreuve collective que nous traversons », justifiait, mi-mars, Franck Riester en présentant le site d’offres culturelles gratuites #Culturecheznous. Mais depuis, que fait le ministre de la culture ? Quelle feuille de route propose-t-il face à ce cataclysme ? Car ce n’est pas #Culturecheznous qui rémunérera les artistes et sauvera les lieux culturels. D’autant que le public passe actuellement beaucoup plus de temps devant la télévision ou Netflix que devant les concerts ou les expositions virtuels.
« L’objectif est de ne laisser personne sur le bord de la route », promet Franck Riester en multipliant les nécessaires « dispositifs » de soutien. Mais artistes, auteurs et intermittents ne cachent pas leurs inquiétudes. Et quand le ministre déclare que certains « petits festivals » pourraient peut-être se tenir « avant le 15 juillet », personne ne comprend de quoi il parle. Plutôt que de rassurer, il suscite l’incompréhension.
Le dernier secteur à rouvrir
A sa décharge, il faut reconnaître le caractère inédit de cette crise sanitaire et de ses conséquences. Mais, premier à avoir fermé ses portes, le secteur culturel risque fort d’être le dernier à les rouvrir. Si, comme le reconnaît le ministre dans un entretien au Monde vendredi 17 avril, « la culture aura un rôle majeur à jouer et nous aurons besoin collectivement des artistes, pour nous permettre de retrouver des jours meilleurs », on peine à comprendre quel est son projet précis.
Comment sauver le foisonnement créatif et préserver l’apport économique du secteur de la culture ? Comment limiter les changements d’habitudes liés au confinement et inciter le public à ressortir et à redécouvrir ensuite ? A juste titre...
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