L’omniprésence des thématiques sécuritaires dans la campagne des élections régionales et départementales inquiète des acteurs de la culture, qui lancent un appel à la mobilisation électorale.
TRIBUNE
par Nicolas Dubourg, président du Syndeac, Loïc Lachenal, président des Forces musicales et Frédéric Maurin, président du SNSP
Les élections régionales et départementales se déroulent dans un climat inquiétant. Dans plusieurs régions et départements, la menace de l’extrême droite se rapproche sans que l’on observe de réflexe «républicain», que ce soit de la part des responsables politiques, syndicaux ou associatifs. La multiplicité des listes, les tentatives d’accords secrets, les négociations d’appareils révèlent un manque dramatique de perception de l’enjeu, et de ce qu’il tend à dessiner pour l’an prochain dans le cadre de l’élection présidentielle.
Les acteurs de la culture de service public que nous représentons s’inquiètent de ce climat délétère, où la surenchère sécuritaire tend à faire disparaître tous les autres aspects qui relèvent pourtant de la responsabilité des collectivités. La culture fait partie de celle-là, compétence reconnue et partagée entre toutes les collectivités et l’Etat. Les délégations régionales de l’Union syndicale des employeurs du secteur public du spectacle vivant (USEP-SV) vont interpeller les candidats «républicains» dans les jours à venir pour connaître leurs projets et leur volonté d’agir en ces domaines. Dans ce climat malsain, la question culturelle très sous-traitée est pourtant «essentielle» ; elle est au cœur du pacte républicain, elle est émancipatrice par nature, elle est au service du plus grand nombre et notamment des jeunes. Elle est le substrat sur lequel la pensée d’une communauté de destin peut se construire.
Le désir de culture face au risque du repli nationaliste
Notre travail est celui de la proximité, de l’attention à toutes et tous, pour que les grandes questions sur lesquelles les artistes œuvrent, pénètrent au plus profond de notre société et donnent les capacités à chacun d’imaginer et de construire les réponses capables d’améliorer ses conditions d’existence. Notre travail acharné repose sur le postulat du rôle éclairant de l’artiste.
La sortie de la crise sanitaire démontre à celles et ceux qui en doutaient, que le désir de culture n’est pas une vue de l’esprit ni le privilège des professionnels que nous représentons. Les Français se sont rués dans les salles de cinéma et de spectacle, malheureusement, la contrainte de jauge réduit la possibilité d’accueil. Cet art de vivre ensemble est le nôtre. Nous voulons le préserver, et pour ce faire, mobiliser toutes les forces démocratiques qui ressentent comme nous le risque qui pointe.
C’est avec beaucoup de gravité et d’inquiétude que nous voyons monter le risque extrême du repli nationaliste et identitaire, qu’il s’exprime par la voie du canal historique, ou qu’il se manifeste de plus en plus par des voies parallèles. Les conséquences possibles risquent d’être dramatiques pour notre secteur, évidemment, mais bien au-delà de nous, pour tous ceux et toutes celles qui travaillent en relation étroite avec les publics défavorisés, dans les réseaux de solidarité, de soutien aux plus fragiles. C’est tout un pan de la société qui peut basculer si les élections qui s’annoncent confirment le risque extrémiste.
L’enjeu nous dépasse. La culture peut servir de révélateur. Il nous faut donc dépasser les cadres. L’heure est à la mobilisation électorale et au rassemblement des forces démocratiques : Votez ! Et donnons rendez-vous à toutes celles et ceux qui souhaitent que le débat de la prochaine présidentielle ne soit pas volé en se focalisant uniquement sur la question sécuritaire.
Lire la suite sur liberation.fr