Quand les salles pourront-elles accueillir du public et dans quelles conditions? L’avenir du spectacle vivant est suspendu à ces questions.
«On nage mais on ne sait pas s’il y aura de l’eau dans la piscine», dit Jean-Michel Ribes, directeur du Rond-Point, à Paris. Les directeurs de théâtres et de compagnies crawlent à l’unisson. Personne ne sait quand les théâtres rouvriront. Septembre? Novembre? Janvier? L’Opéra de Paris, lui, n’a pas encore annulé les spectacles programmés jusqu’au 15 juillet. «C’est le chaos car nul ne sait comment le virus se comportera. Il faut s’adapter et s’aligner sur l’extraordinaire capacité d’adaptation dont ont fait preuve les hôpitaux», dit Didier Deschamps, patron du Théâtre national de Chaillot.
Ces jours-ci, les directeurs de théâtre confinés avouent se prendre pour Pénélope passant leur journée à faire et défaire des plans, chacun dans leur coin, pour être sûrs de dégainer le bon lorsque les inconnues de l’équation se seront précisées. Pour l’instant, elles sont multiples.
«Des spectacles qui donnent envie»
Quand les artistes pourront-ils répéter? Auront-ils le droit de s’embrasser ou de s’invectiver? Avec ou sans masque? Les danseurs pourront-ils se remettre à la barre? Les spectacles prévus pourront-ils entrer en création? Quand les salles pourront-elles accueillir du public et combien? Les artistes internationaux pourront-ils voyager? Comment reprogrammer les spectacles annulés? À ce débat s’ajoute une contrainte économique, un point sur lequel public et privé sont unanimes. Ouvrir des salles avec un spectateur sur deux pour appliquer la distanciation sociale affolerait le public, et romprait l’équilibre économique du spectacle vivant qui, contrairement aux cinémas, fonctionne sur des salles pleines. «Baisser les prix? Je n’y crois pas», ajoute Jean-Marc Dumontet, propriétaire de six théâtres privés à Paris qui compte y reprendre les spectacles interrompus en mars. «La peur n’est pas liée aux tarifs. En revanche, il faut reprendre avec des spectacles qui donnent vraiment envie.»
Si dans les discours des politiques, nul ne parle de culture et encore moins de spectacles, téléspectateurs et internautes sont extrêmement assidus aux retransmissions, qui pour une fois ne sont pas fixées à des horaires indus. Éric Ruf, administrateur général de la Comédie-Française, est formel: «Si l’on compte les gens qui regardent notre chaîne, nos pièces archivées à l’Ina ou mises sur YouTube, le web, les captations et les podcasts à la télé et à la radio, nous atteignons le million de spectateurs.» Même succès pour les...
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