TRIBUNE - Un collectif de 400 écrivains, scénaristes, illustrateurs et dessinateurs, parmi lesquels Enki Bilal, Marie-Aude Murail, Delphine de Vigan, Tatiana de Rosnay ou Nicolas Mathieu, alerte, dans une tribune au «Monde», sur leur situation et les mesures de soutien à la culture qu’ils estiment inadaptées à leur situation.
En Allemagne, les artistes-auteurs ont tous touché une « prime coronavirus » de plusieurs milliers d’euros. Au Canada, ils ont droit à 500 dollars (328 euros) par semaine, jusqu’à seize semaines.
En France, le gouvernement ne pense l’impact de la crise qu’en termes de chiffre d’affaires des entreprises, qu’il s’agisse des libraires ou des éditeurs. Bien sûr, nous sommes tous rudoyés par ces longues semaines d’inactivité. Il n’existe pas une autrice, pas un auteur (écrivains, scénaristes, illustrateurs, dessinateurs BD) qui ne se réjouisse de la réouverture des librairies.
Privés de manifestations littéraires
Mais qu’en est-il de ceux qui alimentent, par leur travail solitaire, toute l’économie du livre : les autrices et les auteurs ? Ils restent oubliés des mesures gouvernementales qui sont inadaptées à leur situation.
Les auteurs du livre n’ont pas le statut des intermittents du spectacle et n’ont pas droit au chômage. Le dispositif d’aide mis en place par le gouvernement ne prend en compte ni les spécificités de leur rémunération, ni la durée de la crise. Le modus operandi actuel est adapté aux entreprises qui engrangent des revenus mensuels. Ce n’est pas le cas des auteurs.
Ainsi, nombre d’entre eux, privés de manifestations littéraires, de conférences, de rencontres rémunérées à partir du mois de mars, ont sollicité leurs éditeurs afin de toucher leurs droits par anticipation (reçus d’habitude entre avril et juin, une fois l’an). C’était pour beaucoup le seul moyen de maintenir la tête hors de l’eau. Ils ont reçu en mars, en avril, le fruit d’un an de ventes… Ces paiements anticipés rendent dès lors souvent irrecevable toute demande d’aide pour cette même période.
Exonérer les artistes-auteurs de quatre mois de cotisations ne répond en aucun cas à la gravité de la situation.
Un « vrai » métier
Rembourser les loyers d’ateliers, de bureaux ? Mais seuls de rares auteurs du livre disposent d’un « atelier » !
Promettre des « commandes d’Etat » aux moins de 30 ans ? Il y a bien peu d’auteurs de moins de 30 ans. Et puis quoi, à 31 ans, à 46 ans, à 53 ans, on n’est plus fragile ? On n’a plus le droit d’être...
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