TRIBUNE – Un collectif d’artistes, de metteurs en scène et d’élus appellent à soutenir et à diffuser les œuvres de créateurs ukrainiens. Dont certains seront présents au Festival d’Avignon, qui s’ouvre le 29 juin.
La guerre, sur le sol européen. La guerre, heure après heure, pour les Ukrainiens. La guerre, toujours féroce et meurtrière, à 2 000 kilomètres d’Avignon, où démarre l’un des plus grands festivals de théâtre. La guerre pourtant qui s’éloigne, à mesure que l’horreur des récits rapportés du front se perd dans notre lassitude collective, si regrettable et si humaine, encouragée par un zapping médiatique intempestif. Déjà presque mille jours qu’elle a fait irruption dans nos quotidiens. Les premiers jours avec fracas, ne laissant de place à rien d’autre, bouleversant nos cœurs et nos esprits. Depuis quelques mois presque normalisée, alors que d’autres ciels se sont assombris.
Informer sur l’Ukraine aujourd’hui, c’est bien sûr partager le quotidien de la guerre, la lutte des soldats, les détours de la diplomatie internationale. Mais ces considérations tactiques et stratégiques, nécessaires, annihilent les émotions et font relativiser les conséquences tragiques, humaines, de ce qui a lieu à Kyiv, Kharkiv, Marioupol, Odessa et ailleurs. Face à cela, il nous paraît plus que jamais essentiel de faire entendre des voix capables de témoigner du quotidien des habitants, de leurs espoirs, de leur effroi. Des voix d’Ukraine qui parlent de l’Ukraine.
Qui mieux que les artistes ukrainiens pour raconter l’horreur d’un pays en guerre ? Qui mieux qu’eux pour toucher le cœur de chaque Européen ? Malgré des conditions de création précarisées à l’extrême ; malgré des lieux de diffusion pris pour cible ; malgré les rencontres empêchées avec les spectateurs ; malgré les vies en danger, il revient aux artistes en Ukraine de nous confronter à cette réalité, aux drames qui adviennent comme au courage qui triomphe, à l’humanité qui résiste, à l’espoir qui renaît.
Il faut donc les encourager à partir à la rencontre de leurs voisins européens, pour continuer à exercer bien sûr, mais surtout pour donner à voir un peu de leur quotidien. Parce qu’il en va de la survie même d’une culture ukrainienne, il faut accueillir les cœurs battants de ces artistes au « combat ».
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