Une chose est certaine dans le domaine de la culture: le « monde d’après » ne sera pas comme le « monde d’avant ». Et ce ne sont pas les efforts du gouvernement pour sauver les intermittents du spectacle d’une misère annoncée qui y changeront grand chose.
C’est certes un beau geste que d’avoir décidé de prolonger les droits de ceux-ci de quelques mois (jusqu’à l’été 2021,) mais l’application de ces directives s’avère totalement incompréhensible pour la plupart d’entre eux. Et, comme, par définition, chaque intermittent est un cas particulier, rien n’est clair. Ni quant à la durée de la prolongation, ni quant à la manière dont ceux-ci seront reconduits. En particulier pour les « nouveaux entrants » dans le système, pour les femmes sortant de congés-maternité, et pour les plus jeunes. Un véritable casse-tête s’annonce et bien malin qui sait comment se passera ce deuxième semestre pour le monde de la culture.
Car ce sont les habitudes qui ont changé durant ces deux mois et demi de confinement.
On ne consomme plus les films de la même façon: on sait désormais que l’on peut les regarder chez soi, sur son canapé, sans avoir besoin de sortir, d’aller au restaurant et de payer une baby-sitter. On s’est mis à consommer des séries -car elles sont longues, avec leurs multiples saisons, et on avait le temps-, et même, parfois, à les trouver meilleures que les films. Les chiffres sont éloquents: une augmentation de 80% par semaine, durant la période, pour l’ensemble des plate-formes, qu’elles aient pour nom Netflix, Amazon, Disney ou HBO-OCS,…
Personne ne sait si la réouverture des salles le 22 Juin entrainera un afflux massif de spectateurs, et les distributeurs de films, qui sont obligés d’investir beaucoup d’argent en publicité sans savoir s’ils seront remboursés par le montant des entrées, sont très méfiants. Ils attendent de voir, et ont presque tous reculé les sorties à l’automne ou même en fin d’année. Il semble qu’il serait surtout urgent de ne pas se presser !
En particulier pour les films « d’auteur« , qui attirent ordinairement un public plutôt âgé, qui aura certainement d’excellentes raisons de ne pas prendre de risque en allant s’enfermer dans une salle de cinéma. Même masqué, même avec un siège sur deux et un rang sur deux inoccupés.
En tout cas, le 22 Juin, on retrouvera dans les salles essentiellement des films déjà sortis en Mars dernier ou qui devaient sortir durant ce même mois et dont la campagne publicitaire avait déjà été engagée.
Pour le théâtre, c’est encore pire. Les salles ne rouvriront réellement qu’à la rentrée et l’on ne sait pas qui osera s’aventurer dans une salle où s’entassent plusieurs centaines de personnes si, d’ici là, aucun traitement totalement fiable n’est trouvé. Pour le vaccin, on sait qu’il faudra de toute façon attendre au moins l’année prochaine.
Du coup, c’est la rentabilité des spectacles qui inquiète directeurs de salle et producteurs, surtout dans le théâtre privé. Pourquoi investir dans des répétitions, qui devraient commencer dès maintenant, dans des locations de salles, des contrats d’engagements de techniciens et de comédiens quand on ne sait pas ce qui va arriver ? Dans le milieu, on se dit que l’on n’est pas loin de devoir affronter une saison (entière) blanche.
Pas de Festival d’Avignon, bien sûr, non plus, qui permet pourtant à des dizaines de troupes de théâtre de vivre toute l’année. Et de se faire connaître, pour être repris à travers la France.
Pas de Festivals tout court durant l’été -à l’exception du très en cour Puy du Fou, tellement apprécié, comme son maître d’oeuvre, Philippe de Villiers, à l’Elysée- qui permettent à tant de comédiens, de musiciens et de techniciens de vivre, et d’accumuler ces si recherchées 507 heures qui donnent droit au chômage payé durant tout le reste de l’année.
Sans parler des dommages collatéraux: l’absence de Festivals durant l’été, cela veut dire des hôtels, des restaurants, des bars, des petits commerçants,.., dans toutes les régions qui les accueillent ordinairement -le Sud et l’Ouest principalement- qui se retrouvent sans clients et sans chiffre d’affaires.
Car le problème, avec la culture, c’est que non seulement c’est essentiel pour l’esprit et le développement humain mais c’est aussi un secteur économique d’une énorme importance. Plus important, a-t’on l’habitude de dire, que le secteur automobile. Et c’est vrai !
Or, malheureusement, ce n’est pas ce que semble avoir compris le gouvernement. Le Président n’en a guère parlé lors de ses diverses interventions télévisés, son Premier Ministre non plus, et il a fallu un...
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