Le secteur de la culture subit de plein fouet la pandémie. Si les grandes plateformes numériques, sous couvert de gratuité, saisissent l’occasion, de nombreuses initiatives soutiennent l’ancrage des acteurs culturels au sein des quartiers comme des territoires ruraux.
«Pour aider les parents à divertir leurs enfants et les inciter à se cultiver, Amazon a rendu libre sa programmation dédiée aux familles. […] Les clients du monde entier peuvent trouver du répit dans une grande variété de livres, d’applications et de spectacles, le tout gratuitement », pouvait-on lire le 3 avril sur le blog du géant mondial du e-commerce. Depuis le début de la pandémie de coronavirus, Amazon Prime Video propose en accès gratuit des films et des séries familiales. Audible, le service d’audiobook de la firme numérique, a pour sa part mis à disposition une centaine de livres audio pour enfant.
D’autres acteurs de l’industrie de la culture ont multiplié les « élans de générosité » pour épauler la population durant le confinement. La Fnac a autorisé sur son site le téléchargement de 500 livres et l’enseigne Cultura offre près de 3 000 e-books gratuits. La plateforme streaming Apple TV+ a quant à elle mis certains de ses contenus en accès libre depuis le 11 avril.
Les entreprises privées du secteur culturel seraient-elles soudain sensibles à la notion de solidarité ? « Pour les gros acteurs culturels les moins légitimes ou les plus critiqués, la gratuité est aussi un investissement sur l’avenir visant à fidéliser, à terme, de potentiels consommateurs, explique Laurent Jeanpierre, professeur de science politique à l’université Paris-VIII. Dans ce monde culturel déjà hyper-concurrentiel et se préparant à une crise majeure, l’enjeu est plus que jamais de “harponner” et de fidéliser le plus rapidement possible les consommateurs. »
Cette gratuité faussement désintéressée cache en effet mal les ambitions mercantiles des industries culturelles en pleine épidémie de coronavirus. La plupart des livres « offerts » sont tombés depuis des lustres dans le domaine public, à l’instar des classiques de Jules Verne ou d’Alexandre Dumas. Et Cultura n’a pas hésité à insérer dans son catalogue gratuit des extraits de nouveautés payantes.
Les GAFA ont par ailleurs saisi l’occasion de la crise sanitaire pour accélérer leur colonisation de secteurs culturels moins industrialisés sous couvert de gratuité. Google Arts & Culture, qui permet de visiter virtuellement et gratuitement différents musées, voit ses chiffres de fréquentation s’envoler. Le 15 avril dernier, Google a lancé « Family Fun with Arts & Culture », une section pour découvrir de façon ludique l’art en famille, et « Douce France », une...
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