Penser un modèle plus durable et responsable pour l'ensemble de la société, telle est l'ambition du think tank The Shift Project. Un rapport passe au crible les possibles transformations du spectacle vivant, dans un plan pour « décarbonner » la culture.
Depuis 2010, l'association française The Shift Project « œuvre en faveur d'une économie libérée de la contrainte carbone ». Elle propose des analyses sur les aspects de la transition et mène également des campagnes de lobbying auprès des acteurs politiques et économiques. Dans le cadre de son « Plan de transformation de l'économie française », le think tank détaille ainsi les mesures à mettre en place pour que chaque secteur devienne plus durable.
Le spectacle vivant n’échappe à la règle, scruté à la loupe dans un rapport publié en juillet dernier. Partant du constat d’un secteur polluant, qui affiche, selon ses auteurs, un lourd bilan carbone, le document fixe des objectifs concrets pour entreprendre une transition environnementale. Afin de dépolluer le secteur, le mot d’ordre est double : penser plus petit et plus responsable. Le rapport mise sur à la fois sur la relocalisation des activités, le ralentissement, la réduction des échelles, l’écoconception des œuvres… et parfois le renoncement à des pratiques numériques trop carbonées.
Les propositions
Pour rentrer dans le détail, The Shift Project propose une typologie très concrète de mesures à développer :
• Les transformations dites « transparentes » sont celles qui pourront être mises en œuvre à très court terme, sans impact sur le métier des acteurs du secteur, son organisation et son modèle économique.
À titre d’exemple : la suppression de la viande des repas proposés par les établissements et acteurs culturels fait chuter drastiquement le bilan carbone de l’acteur concerné sans aucune conséquence pour son cœur d’activité.
• Les transformations dites « positives » sont celles qui, bien qu’elles ne touchent pas au cœur d’activité des acteurs de la culture, comportent de nombreux co-bénéfices et effets d’entraînement. Elles soutiendront ainsi la transition des secteurs avec lesquels la culture entre en interaction.
À titre d’exemple : la rénovation thermique des bâtiments du secteur participera de la transition dans les secteurs de l’énergie et du bâtiment ; le passage à une alimentation biologique, de saison et en circuit court participera à une transformation des territoires.
• Les transformations dites « offensives » viseront à réorganiser le secteur en fonction des contraintes énergétiques et climatiques.
À titre d’exemple : la mutualisation systématique des dates de tournées d’artistes internationaux entre plusieurs lieux culturels d’un même territoire ; l’augmentation significative de la part d’artistes locaux dans les programmations des établissements culturels.
• Les transformations dites « défensives » encourageront le renoncement aux opportunités les plus carbonées afin de ne pas créer d’inerties nouvelles dans le cadre de la prise en compte des enjeux énergie-climat.
À titre d’exemple : l’interdiction des clauses d’exclusivité territoriale qui empêchent les artistes internationaux de jouer dans plusieurs lieux culturels ou festivals d’un même territoire sur une période donnée.
Des événements plus responsables
Selon le rapport, ces initiatives ne pourront être opérantes qu’avec le soutien de politiques publiques nationales et territoriales ambitieuses, ainsi que la formation des acteurs de la culture aux enjeux énergie-climat.
Une fois mises en place, les mesures suggérées laissent entrevoir un secteur culturel métamorphosé, dans lequel « la culture est devenue un levier de résilience locale. Elle participe autant à la sobriété des territoires qu’à la cohésion de leurs habitants. L’accès à la culture et le lien avec les artistes se sont renforcés, les activités culturelles et les loisirs occupant ainsi une place centrale dans le quotidien des Français. Chaque domaine conserve néanmoins d’importantes spécificités. ».
Garance Lunven
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