Plutôt que de rêver d’un retour au système d’avant le confinement, jouons à tout prix, mais pas à n’importe quel prix. Avec des aides de l’Etat à réinventer, basées sur le travail que nous, compagnies méprisées, devrions et devons plus que jamais recevoir, affirme, dans une tribune au « Monde », la metteuse en scène et directrice de compagnie Isabelle Starkier.
Tribune. Nous sommes las d’entendre les discours incantatoires et obsessionnels des tenants de la culture, plus attentistes les uns que les autres, sur l’air d’« On attend que tout redevienne comme avant » et sur le mode réflexif de « Comment donc faire du théâtre sans théâtres ? ».
Longue, très longue réflexion que mènent la plupart des lieux subventionnés depuis deux mois, continuant inlassablement à tisser et à détisser les reports, les annulations, les reprises de répétitions, les futures créations… en salle, tout en poursuivant la mission populaire de diffuser généreusement les captations des spectacles joués… en salle, avant le temps du « choléra ».
Lorsqu’on est féru de théâtre, il est déjà difficile de regarder un spectacle retransmis, qu’en sera-t-il des « non-spectateurs » ? Mais quelqu’un s’est-il vraiment posé la question, à la base pourtant de la mimésis et de la catharsis théâtrale, du pour qui, comment et pourquoi ?
Nous ne pas voulons pas tenir un discours qui reviendrait en boucle sur un prétendu âge d’or du théâtre.
Prétendu, car nous savons tous que les théâtres se vident, et que la moyenne d’âge des spectateurs dans la majorité des théâtres de la région parisienne augmente (public qui sera le premier à n’y pas revenir pour des raisons sanitaires).
Prétendu, car on nous met devant le choix entre un théâtre populiste qui attirerait les foules par ses têtes d’affiche et un théâtre élitiste et/ou expérimental qui vit sur l’entre-nous – et parfois d’ailleurs ne dédaigne pas non plus d’engager avec l’argent public des têtes d’affiche, en alibi probablement d’un possible et hypothétique adoubement de masse.
Un discours méprisant
Des deux côtés, celui du gouvernement comme des lieux institutionnels, on nous tient un discours méprisant quant à...
Lire la suite sur lemonde.fr