Est-ce que l’économie du spectacle vivant, contrainte à un empilement de mesures sanitaires drastiques, peut oser la comparaison de sa survie à celle des transports publics ?
Tribune. Est-ce parce que le spectacle vivant, qu’il soit théâtre, musique, danse ou cirque, prend racine dans l’irrationnel que s’applique à sa réouverture des règles qui finissent par sembler tout aussi irrationnelles ?
Est-ce parce que les transports publics sont pragmatiques et rationnels qu’ils échappent à ces mêmes règles, permettant ainsi au secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, de lever en un tournemain les mesures de distanciation pour ce secteur ?
Est-ce qu’une haute autorité scientifique s’est penchée sur l’exemple du transport aérien qui dès le mois d’avril s’autorisait régulièrement à remplir la jauge complète des sièges étroits de certains de ses vols ?
Est-ce la même autorité qui permettra désormais aux RER et bientôt à tous les trains, de circuler à 100% de leur jauge, malgré le conditionnement des usagers, bien plus confinés dans ces modes de transport qu’ils ne le seraient jamais dans la plupart des salles spacieuses et parfois en plein air, où se déroulent les spectacles ?
Est-ce qu’une étude scientifique aurait démontré l’innocuité de la propagation virale dans ces rames en rapport en comparaison des volumes d’air et de leur renouvellement ?
Et si oui, ce renouvellement était-il comparable entre avion, TGV et RER pour qu’une même règle s’applique communément à eux ?
Et si oui encore, quel était le dénominateur commun servant de référence pour permettre d’englober toutes les salles de spectacle dans une même équation démontrant par comparaison leur nocivité ?
Et si la santé des personnes est en jeu, la vie d’un usager des transports publics est-elle donc moins importante que celle d’un spectateur ?
Est-ce que ces hautes autorités ont véritablement mis en évidence la nécessité vitale d’imposer 4m2 autour de chaque spectateur effectuant le voyage irrationnel d’une représentation quand seulement 10 cm seront désormais nécessaires pour accomplir un voyage rationnel de la même durée ?
Est-ce que la récente circulaire qui impose aux lieux accueillant du spectacle vivant un empilement de mesures drastiques n’aura pas in fine un effet encore plus anxiogène de nature à décourager la plupart des spectateurs
Est-ce qu’à l’instar des transports le réflexe naturel des publics ne régulera pas déjà en soi la fréquentation habituelle des théâtres ?
Est-ce que les annulations en cascades, les dégâts économiques et artistiques ne sont pas suffisamment catastrophiques pour encore y ajouter des normes en forme de gageure qui reviennent à tétaniser et asphyxier la relance de notre activité ?
Est-ce qu’on ne pourrait pas...
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