Depuis le début du confinement, le monde de la musique est à l’arrêt. Privés de concerts et de festivals pour d’évidentes raisons sanitaires, les artistes tentent de s’adapter. La question des aides aux créateurs, centrale, est posée. Mais alors que chacun tente de mesurer l’ampleur de la crise et de préparer tant bien que mal un après, les réalités semblent bien disparates.
Lorsque le confinement a été annoncé par Emmanuel Macron, lundi 16 mars, le musicien électro Molécule avait eu le temps de s’y préparer un peu. L’annulation des concerts était "déjà à l’ordre du jour depuis quelques semaines", et tous ses projets ont été remis en pause, parmi lesquels une immersion au sein de l’Orchestre national de Lille. Confiné avec sa femme et ses enfants, Romain De La Haye, de son vrai nom, a dû "trouver de nouveaux repères et travailler par rapport au temps, qui est assez étonnant dans cette période. Le temps est parfois court, parfois long. On se retrouve un peu baladé". Sans concerts, les revenus des artistes sont "divisés par 2, 3 ou 4", affirme-t-il.
En France, la musique génère 8,5 milliards d’euros de revenus par an et les pertes sont évaluées à peu plus de 800 millions, affirmait en début de mois, Jean-Noël Tronc, le directeur général de la Sacem au magazine Télérama (1). Selon le Syndicat national du spectacle musical et de variété (PRODISS), qui représente les producteurs, des salles de concerts et les festivals, 37 900 emplois seraient menacés dans un secteur très majoritairement composé par des très petites entreprises (TPE) et petites et moyennes entreprises (PME). La facture devrait encore s’alourdir, la crise liée au Covid-19 s’inscrivant dans la durée.
11, 5 millions d’euros de fonds d’urgence
Chez Mad Minute Music, producteur de Salif Keita et tourneur de nombreux artistes africains, on travaille au jour le jour. Après chaque allocution présidentielle, il s’agit surtout de reporter les tournées annulées. Dans ce contexte inédit, les aides deviennent essentielles. "En tant que producteur de spectacles et adhérent du Centre national de la musique (CNM), on a un certain nombre d’aides en temps normal : aides aux tournées, aide à la création, aide à l’export, etc. Mais comme il n’y a plus d’activité, il n’y en a plus. Par contre, le CNM, a créé un fonds de secours pour toutes les entreprises. C’est une aide entre 8000 et 11 000 € par entreprise. Ce qui couvre environ un mois de notre fonctionnement", détaille Corinne Serres, qui dirige Mad Minute Music. À l’heure de l'écriture de ces lignes, la productrice voyait son dossier d’aide d’urgence refusé, au motif qu’il n’était pas prioritaire. Mais elle ne perd pas espoir d’y avoir droit.
Ce fonds de 11,5 millions d’euros accordé au CNM a fait partie des premières mesures annoncées par le gouvernement afin de soutenir le secteur de la culture. Mais en ces temps de crise sanitaire, un train de mesures en cache parfois un autre. Dès le mercredi 19 mars, le ministère de la Culture a annoncé...
Lire la suite sur musique.rfi.fr