Attendu depuis des années par le secteur, le label a finalement été lancé à Paris vendredi 29 novembre par la ministre de la Culture. Il vise à mieux protéger et à valoriser les acteurs du milieu de la nuit.
On dirait une ex-championne de NBA en tournée dans les écoles primaires, qui enchaînerait dunks et paniers à trois points contre des équipes de gamins impuissants et au bord des larmes. Depuis une semaine, Rachida Dati est on fire. La ministre de la Culture fait le tour des pupitres où elle multiplie les annonces officielles, actant la création de comités visant à renforcer la protection du patrimoine sur les bords de Seine ou le classement au titre des monuments historiques du laboratoire de Marie Curie. Dernier shoot envoyé du bout du terrain : le lancement du label «Club culture», visant à faire passer les «lieux d’expression artistique et de fête» officiellement dans le giron du ministère de la Culture et les extirper de cette zone floue entre art et limonade qui tombait sous la coupe du ministère de l’Intérieur.
Un label qui permettra d’identifier «les lieux qui soutiennent activement la création artistique au travers de leur programmation» et de valoriser «le relais essentiel des clubs dans la découverte artistique». Décerné pour une durée de trois ans, il sera proposé aux établissements proposant depuis au moins deux ans «une programmation artistique prenant en compte les enjeux de diversité et de parité».
Demandé depuis des années par le milieu, qui a ô combien souffert de la pandémie, Club culture aurait dû voir le jour il y a plusieurs mois déjà, sous le gouvernement Attal. Mais tombé à l’eau avec la dissolution, le projet a très vite été remis sur les rails avant que ne surviennent d’autres imprévus puisque la motion de censure est au coin de la rue. Il a donc fallu faire vite et la date était donc fixée vendredi, à la Mazette, club du port de la Rapée dans le XIIe arrondissement de Paris, lieu puissamment emblématique puisque, s’il n’est ouvert que depuis 2020, il reprend physiquement la place de la Concrete, institution nocturne qui a accueilli les soirées techno les plus prisées de la capitale entre 2011 et 2019.
Intensité pimpante et confessions complices
Avant la prise de parole de Rachida Dati, le président du syndicat Culture Nuit, Aurélien Antonini, a rappelé l’importance de cette «reconnaissance institutionnelle des établissements de la club culture souvent réduits à des lieux de fêtes et de socialisation, héritiers des bals et guinguettes, cabarets et autres dancings», mais qui ont, pour un certain nombre, évolué vers un modèle davantage axé sur la programmation d’artistes et dont le travail est aujourd’hui identique à celui des salles de concert. Au-delà de ce nécessaire adoubement, ce que le label Club culture promet surtout, c’est un changement de la perception de ces lieux, aux yeux des institutions, des municipalités et du grand public et la mise en place d’un cadre d’exploitation plus stable, plus adapté, permettant, comme le souligne Aurélien Antonini de «protéger les artistes, garantir leur liberté de création et construire un environnement vertueux pour tout un écosystème», notamment en s’engageant de manière plus structurée et efficace sur des questions comme...
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