
La ministre de la culture cherche à apaiser le secteur, inquiet pour le droit d’auteur, en amont du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA) de Paris, les 10 et 11 février. Parmi les pistes explorées, une gestion collective des droits dans l’IA comme avec la Sacem dans la musique.
A l’approche du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA), organisé par Paris les 10 et 11 février, Rachida Dati, la ministre de la culture, cherche à apaiser le secteur. « C’est la première fois qu’un sommet international sur l’IA intègre un volet culturel », plaide-t-elle, en référence notamment au week-end des 8 et 9 février au cours duquel seront mises en avant des créations et menés des débats. Alors que les créateurs redoutent de voir le secteur bouleversé par des IA entraînées sur leurs textes, images, musiques ou vidéos, le sujet le plus brûlant est le droit d’auteur.
Des acteurs de la culture et des médias reprochent au président de la République, Emmanuel Macron, de s’être opposé, pendant les discussions sur le règlement européen AI Act en 2023, aux dispositions visant à obliger les fabricants d’IA à dévoiler les contenus utilisés pour entraîner leurs logiciels. Mme Dati assure, elle, être active, en faveur de l’application de la transparence et du droit d’auteur, pendant la phase actuelle de mise en œuvre du texte. « La France se mobilise », promet-elle.
Quelle va être la place de la culture au sommet de l’IA de Paris ? Certains dans le secteur s’inquiètent et reprochent à la France d’avoir abandonné la défense de l’exception culturelle pour se ranger du côté des start-up d’IA…
La culture aura toute sa place au sommet de l’IA. C’est même la première fois qu’un sommet international sur l’IA intègre un volet culturel. Nous aurons des événements qui vont accompagner le sommet avant, pendant, après. Et aussi des débats et des panels avec des acteurs culturels. C’est une avancée majeure.
Effectivement, l’IA est un sujet d’inquiétude pour certains acteurs culturels. Mais la peur n’évite pas le danger, pardonnez-moi pour l’expression populaire. Et puis, que fait-on ? On met la tête sous la table en disant « préservez-moi » ? De toute façon, la technologie est là. Rappelez-vous les débuts d’Internet, cela effrayait aussi tout le monde, dont le secteur culturel, qui aujourd’hui l’utilise. De nombreux acteurs culturels se sont déjà emparés de l’IA : l’expertise muséale, les effets spéciaux ou l’archéologie y ont recours. Dans la reconstruction de Notre-Dame ou pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, l’IA a été utilisée. Cela peut même être un avantage compétitif.
Comment, concrètement, mettre en œuvre l’AI Act ? Le texte oblige les entreprises de tech à fournir un « résumé » des données utilisées pour entraîner leurs IA mais il évoque aussi leur droit au « secret des affaires »…
C’est le sujet du premier rapport que j’ai commandé à [la juriste professeure des universités] Alexandra Bensamoun, remis en décembre 2024. Ce document précise le contour de cette obligation de l’AI Act. Et il contient plusieurs points intéressants. Il affirme que le résumé des données ayant servi à l’entraînement des modèles doit avoir un degré de détail suffisant pour que les ayants droit puissent exercer leurs droits. Et il démontre que c’est techniquement possible. Les entreprises de tech pourraient répondre que ce degré empêche le respect du secret des affaires mais le rapport explique au...
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