
La nouvelle présidente de la société Pass culture détaille, dans un entretien au « Monde », les changements apportés à ce dispositif culturel, qui sera supprimé pour les moins de 17 ans.
Mesure phare de la politique culturelle voulue par Emmanuel Macron, le Pass culture réduit la voilure moins de quatre ans après sa généralisation. La part individuelle de ce dispositif est sensiblement revue à la baisse, et son montant variera en fonction de critères sociaux, indique un décret publié vendredi 28 février.
A compter du 1er mars, les jeunes âgés de 18 ans se verront allouer un crédit de 150 euros (contre 300 euros auparavant) qui pourra être « bonifié » de 50 euros s’ils sont bénéficiaires d’une allocation aux personnes handicapées ou en fonction de leur quotient familial. Ils auront quatre ans (et non plus deux) pour l’utiliser. En outre, les 50 euros attribués entre 15 et 16 ans sont supprimés, mais il restera possible, dans cette tranche d’âge, de s’inscrire sur la plateforme et de bénéficier des offres gratuites. Enfin, 50 euros seront attribués à l’âge de 17 ans (contre 30 euros jusqu’à présent).
Reprenant le constat fait par la Cour des comptes et l’inspection générale des affaires culturelles que la part individuelle « reste encore, trop souvent, un instrument de consommation culturelle et de reproduction sociale », Rachida Dati avait fait part, en octobre 2024, de son souhait de « revoir en profondeur » le modèle du Pass culture. S’il est bien prévu de donner un peu plus aux jeunes de condition modeste, les contraintes budgétaires réduisent de près de moitié l’enveloppe globale des crédits distribués.
Nommée le 17 février présidente de la société par actions simplifiée Pass culture, en remplacement de Sébastien Cavalier, Laurence Tison-Vuillaume doit désormais mettre en musique cette réforme. Ancienne directrice de cabinet de la ministre de la culture Françoise Nyssen (2017-2018) avant d’intégrer l’inspection générale des affaires culturelles, qu’elle dirigeait depuis décembre 2022, cette énarque a pris ses fonctions dans de nouveaux locaux. Pour la quatrième fois, la société Pass culture, qui deviendra en 2025 un opérateur public, a déménagé. Les 177 salariés ont quitté le quartier des Champs-Elysées pour celui des Halles, à Paris.
La part individuelle du Pass culture passe de 300 à 150 euros pour les jeunes de 18 ans et est supprimée entre 15 et 16 ans. Pourquoi ?
Notre ambition est d’abord de réaliser l’universalité réelle pour les jeunes du Pass culture, de diversifier leurs pratiques culturelles et, à terme, de créer un média culturel pour tous. Comme tous les services publics actuellement, nous sommes dans une situation de contrainte budgétaire qui n’échappe à personne. Le budget 2025 de la part individuelle est de 170,5 millions d’euros, contre 210,5 millions en 2024.
Dans ce contexte-là, la ministre de la culture a décidé de recentrer les efforts sur ceux qui en ont le plus besoin. C’est là l’essence même d’un service public culturel. La réforme introduit de la justice sociale. A 18 ans, le crédit culturel de 150 euros sera bonifié de 50 euros en fonction des ressources financières et pour les jeunes en situation de handicap.
Avez-vous évalué le nombre de jeunes concernés par ce bonus et comment ils pourront y accéder ?
Nous allons nous atteler à ce chantier en lien avec la Caisse nationale des allocations familiales, la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole et le Centre national des œuvres universitaires et scolaires, avec tous les acteurs qui pourront nous donner des informations précises. Notre objectif est d’aboutir d’ici à...
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