A l'issue du débat télévisé entre les deux finalistes de l'élection présidentielle, l'avenir de la politique culturelle de l'Etat reste dans le flou. Ajoutée à la configuration du second tour (un duel Macron-Lepen), cette absence de perspectives claires conduit certains acteurs culturels à se positionner en vue du 24 avril.
« 2h30 de débat et pas un mot sur la culture », a soupiré dans un tweet Laurent Lafon, président de la commission « culture » du Sénat, à l’issue du débat télévisé entre Marine Lepen et Emmanuel Macron qui s’est déroulé le 20 avril.
A une exception près : la mention (furtive) de l’éducation artistique et culturelle par le président sortant lorsqu’il a présenté ses intentions en matière d’éducation. Le 30 mars, à la faveur d’un débat organisé par l’Union syndicale des employeurs du secteur public du spectacle vivant (USEP-SV) (1), sa porte-parole pour la culture, Aurore Bergé, avait indiqué qu’Emmanuel Macron envisage un « acte 2 » dans ce domaine, précisant qu’il s’agirait « de promouvoir l’inscription [de ces activités] dans chaque parcours scolaire. »
Pour Marine Lepen, patrimoine et tourisme
A lire les programmes des deux finalistes de l’élection présidentielle, on imagine sans peine que même si la culture avait été abordée lors de la confrontation entre les deux finalistes, le débat n’aurait guère été nourri. Faute de matière.
Dans son programme, Marine Lepen n’évoque la culture que dans un chapitre consacré au tourisme, secteur où elle veut encourager « la mobilité et la découverte pour les jeunes », et dans une fiche sur le patrimoine. Pour le reste : néant. Ce dont s’est expliqué le référent « culture » du RN, Hervé Juvin, invité des Matins de France culture le 21 avril, pour qui la culture est « partout ».
Pour Emmanuel Macron, pass Culture et métavers européens
Quant à Emmanuel Macron, son programme culturel reste également limité : au chapitre de la France « créative et productive », il est question de nouvelles commandes publiques « à travers la France pour soutenir les jeunes créateurs », d’une nouvelle extension du pass Culture » et, au chapitre du numérique, d’un « investissement pour construire des métavers européens et proposer des expériences en réalité virtuelle. »
Lors de cette campagne, aucun des candidats n’aura donc avancé de propositions emblématiques et d’argumentation sur ce qu’est une politique publique en matière de culture. Un vide qui n’étonne pas le politologue Emmanuel Négrier, qui estimeque « pour un candidat, afficher une stratégie forte en matière de culture présente un risque. »
Des acteurs culturels engagés pour le second tour
Face à ces perspectives plus qu’incertaines, plusieurs acteurs culturels ont décidé de s’engager, de façon plus ou moins incisive.
Dans le secteur associatif, Marie-Claire Martel, présidente de la Coordination des fédérations et associations de culture et de communication (Cofac), sans avancer de nom, a plaidé le 21 avril pour une politique culturelle « respectueuse des droits culturels » (…) et des personnes à égale dignité » et « ouverte sur le présent et l’avenir et non pas figée dans le passé. » L’occasion de renvoyer vers le « plaidoyerpour une politique culturelle de la participation », concoté par la Cofac en vue de la présidentielle et des législatives.
Dès le 15 avril, les responsables de l’Union syndicale des employeurs du secteur public du spectacle vivant (USEP-SV) avaient adressé une lettre ouverte au président sortant en tant que « seul candidat républicain présent au second tour », mais sans « aucun quitus ni blanc-seing ».
L’USEP-SV lui demande d’« infléchir [sa] politique », pour placer un éventuel deuxième quinquennat sous le signe de « l’apaisement » : du renforcement des services publics à la priorité « absolue » donnée à la lutte contre le changement climatique, en passant par la garantie des finances des collectivités, ou la fin des baisses d’impôts, « dont les conséquences sont toujours des remises en cause des services publics et des réductions des moyen humains dévolus à ces services ».
Quant aux élus locaux adhérents de la Fédération nationale des collectivités pour la culture (FNCC), ils ont longuement discuté de la configuration du second tour, lors de la réunion de leur bureau, qui s’est tenu le 20 avril en marge du Printemps de Bourges.
Avant de faire part de leur inquiétude le lendemain : « plus qu’un choix de société, [le deuxième tour est ] un choix de civilisation », estime la FNCC, qui se projette dans la campagne des législatives, durant laquelle elle défendra...
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