Selon des informations recoupées par notre partenaire Marsactu, le festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence fait face à un déficit budgétaire de plusieurs millions d’euros. Le ministère de la culture a déclenché une enquête.
Parmi les rendez-vous majeurs de l’agenda culturel des Bouches-du-Rhône se trouve le festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence. Pour son édition 2023, la 75e depuis la création de l’événement en 1948, 75 000 spectateurs ont assisté aux différents concerts et spectacles d’opéras mêlant grands classiques et créations contemporaines uniques. Mais l’édition 2024, qui se déroulera du 3 au 23 juillet, risque d’être marquée par d’autres faits moins prestigieux. Selon des informations recoupées par Marsactu, les comptes présentent un déficit de plusieurs millions d’euros, au point d’inquiéter les partenaires publics.
Tout avait pourtant bien commencé. Un rapport de la chambre régionale des comptes (CRC), réalisé sur les exercices 2014 à 2020, a été publié le 10 janvier 2024. Les magistrats qualifiaient alors la gestion des comptes par l’association du festival international d’art lyrique (FIAL), structure en charge de l’organisation de l’événement, de « bien maîtrisée ». Ils estimaient également que les équipes de Pierre Audi, arrivé à la direction générale en 2018 en remplacement de Bernard Foccroulle, ont « su gérer, sans trop de difficultés, le passage de la crise sanitaire ». Aujourd’hui, le constat n’est plus le même.
Il y a quelques semaines, les collectivités locales ont été informées que le festival présentait un déficit budgétaire de plusieurs millions d’euros. Du côté de l’État, qui est le premier financeur du festival, suivi par la ville d’Aix-en-Provence, la métropole, le département et la région, on ne s’attendait pas à de telles pertes.
« Ce sont plus que des petites difficultés : c’est un déficit plus que significatif », glisse l’un des membres du conseil d’administration, sans vouloir commenter plus avant la profondeur du trou. Les rumeurs vont bon train, tant sur le nombre de millions à éponger que sur les raisons du décrochage, entre le train de vie du festival et les aléas dans la recherche de mécènes.
« La situation financière est tendue », confirme à Marsactu Stéphanie Deporcq, la directrice administrative et financière de l’association. Cette dernière évoque des difficultés sectorielles, notamment en raison de l’inflation générale et de la guerre en Ukraine, alors qu’à l’affiche se trouvent plusieurs coproductions russes.
Mais aussi structurelles, en raison d’un modèle économique très dépendant de la billetterie, alors que les capacités des sites qui accueillent les représentations sont plafonnées, ainsi que des mécènes, dont les dons sont très volatils et sans visibilité. « Les comptes 2023 ne sont pas encore arrêtés mais nous aurons un déficit sur le budget », reconnaît ainsi la représentante du festival.
L’indispensable soutien des pouvoirs publics
Face à ce déficit, un « audit flash » sur la gestion des finances de l’association a été commandé. Le ministère de la culture confirme à Marsactu, dans un courriel le mardi 9 avril, la « situation déficitaire » du festival et ajoute « qu’une mission a été immédiatement engagée pour analyser la situation et trouver des solutions à très court et moyen terme. Ainsi, avant l’été, le conseil d’administration sera à même de décider du meilleur scénario pour le festival ». « L’enjeu maintenant c’est de trouver des solutions, avance Stéphanie Deporcq. On va faire notre part pour assainir nos comptes. »
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