Hellfest, Solidays, Vieilles Charrues... Après deux ans d'absence, c'est le grand retour des festivals de musique et, avec eux, des progrès en matière d'accessibilité pour les personnes handicapées. Parfois aussi quelques copies à revoir...
Pierre n'aurait manqué pour rien au monde le retour du Hellfest, du 17 au 26 juin 2022, après deux années de pandémie loin d'être rock'n'roll. Tétraplégique depuis un accident de la route en 2008, le trentenaire est un fan de la première heure du festival de métal de Clisson (Loire-Atlantique), apprend-on dans L'Hebdo de Sèvre et Maine. Rien n'a freiné le jeune homme, pas même les cailloux de la « Warzone » dans lesquels il s'est embourbé avec son fauteuil. Malgré quelques fausses notes en termes de signalisation et d'accessibilité, Pierre remarque les nombreuses mesures mises en place par les organisateurs pour accueillir, cette année, 1 250 visiteurs en situation de handicap ; « un record », fait savoir APF France handicap, présente sur place pour « proposer son expertise ». En coulisses, aussi, des bénévoles en situation de handicap ont pris part à l'aventure. C'est le cas de sept résidants du foyer d'accueil et d'hébergement pour adultes (Adapei) de Vallet (Loire-Atlantique) qui ont participé à la confection de sacs de tri distribués aux festivaliers à l'entrée du camping.
Un avant et un après Covid
A l'image du rendez-vous des « métalleux », de plus en plus de festivals musicaux français multiplient les initiatives. En témoigne cette étude réalisée en juin 2022 par l'institut de sondage BVA pour la fondation Malakoff Humanis, qui accompagne d'ailleurs cette année 17 festivals dont le Hellfest. 48 % des personnes en situation de handicap considèrent l'accès à la culture plus facile, contre 39 % en 2017 (article en lien ci-dessous). Parmi les principaux freins encore existants : le prix, l'affluence et l'accessibilité. Ces chiffres, Isabelle Laussine souhaiterait les voir évoluer. Cette élue de Marseille en charge du handicap a accompagné les organisateurs du Delta Festival du 29 juin au 3 juillet 2022, sur les plages du Prado. En sept ans d'existence, « c'est la première fois que le Delta formule cette demande auprès de la municipalité de Marseille », affirme-t-elle. Elle s'est chargée d'apporter son expertise en matière de réglementation sur l'accessibilité et de faire le lien avec des associations du secteur présents au sein du « Village du vivre-ensemble » du Delta. « Nous avons par ailleurs fourni du matériel spécifique, un « tiralo », adapté aux personnes qui n'ont pas l'usage de leurs jambes et qui souhaitent profiter de la baignade aux abords du festival ». En attendant l'édition d'un livre blanc sur l'organisation du festival, l'élue souhaite créer une émulation : « On veut que toutes ces manifestations, publiques comme privées, soient accessibles », affirme-t-elle.
Billetteries, parkings, sanitaires adaptés
Même ambition affichée du côté de Rock-en-Seine, festival à la lisière de Paris du 25 au 30 août 2022 (article en lien ci-dessous). Ici, on fait appel à Talkin', qui accompagne les organisateurs d'évènements pour rendre leurs manifestations et campagnes accessibles. Sur le site de l'événement parisien, il est indiqué que les participants aveugles ou malvoyants pourront bénéficier d'un plan en relief ; les supports d'information seront également rédigés en « Français pour tous » pour les personnes avec une déficience intellectuelle. Eurockéennes (Belfort), Vieilles Charrues (Finistère), Musilac (Savoie), We Love Green, Solidays (Paris), Francofolies (La Rochelle)… Les mêmes dispositifs « PMR » sont listés : une billetterie, un parking et un campings dédiés, des plateformes surélevées pour pouvoir profiter des concerts, l'installation de revêtements adaptés pour circuler facilement en fauteuils, des bénévoles mobilisés, des sanitaires adaptés ou encore l'admission systématique (et obligatoire !) de chiens guides. Les personnes sourdes et malentendantes ne sont pas en reste. La plupart des festivals proposent des boucles magnétiques qui transmettent le son ambiant jusqu'à leur prothèse auditive. Des gilets vibrants pour profiter de la musique sont parfois distribués.
La France encore à la traîne ?
Certains « mauvais élèves » des précédentes éditions semblent avoir fait du chemin. Le festival Beauregard (Calvados) en fait partie après avoir été épinglé dans une pétition en 2015 par une festivalière déplorant « l'absence de plateforme PMR devant chaque scène, les navettes gratuites non accessibles aux fauteuils roulants et, cerise sur le gâteau, la présence d'un seul et unique WC PMR sur la totalité du site ». Il faut toutefois encore aller à la pêche aux informations car son site répond vraisemblablement à toutes les questions, sauf à celles liées au handicap.
Si les progrès semblent manifestes avec la « professionnalisation » des festivals de musique, la France peut encore grapiller quelques idées chez ses voisins européens et outre-Atlantique. Aux Etats-Unis, « Accessible festivals », une plateforme numérique dédiée, accompagne à la fois les organisateurs et les festivaliers via un moteur de recherche qui filtre les festivals adaptés selon le handicap. En Belgique, le label « access-i » garantit la véracité des modalités d'accueil (tous les loisirs concernés avec une rubrique « évènement »). Ainsi, le « vert » indique que le festival est...
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