La culture occupe une place croissante dans les Plans de Développement Economique et Social de l’Unesco et les innovations de produits et de services sont au cœur des réflexions territoriales et nationales.
Depuis plusieurs décennies, un grand nombre de territoires s’appuie sur le développement de la culture comme un outil de développement territorial. C’est le cas de nombreuses villes comme Liverpool en Angleterre, Bilbao en Espagne ou encore Philadelphie et Baltimore aux États-Unis. Ces villes se sont appuyées sur le développement de la culture pour faire face à la désindustrialisation, à une croissance démographique ralentie ou encore à une image défavorable
La culture apparaît comme levier pertinent de redynamisation et de renforcement de l’attractivité territoriale et touristique. Par exemple, aujourd’hui la région métropolitaine du « Grand Bilbao » abrite la moitié de la population et de l’activité économique du Pays basque, se classant ainsi parmi les régions européennes les plus compétitives, innovantes et productives (PIB par habitant supérieur de 30 % à la moyenne de l’Union européenne).
Ce modèle de développement par la culture pour pallier à un déficit d’attractivité touristique inspire de plus en plus de politiques de développement territorial. En France, dans le massif du Sancy, le développement du festival Horizons Art Nature en est un exemple, tout comme la VIAPAC qui relie les villes de Digne-les-Bains (en France) à Caraglio (en Italie), grâce aux œuvres de douze artistes contemporains. Cependant, le modèle de développement de la culture sur les territoires urbains est difficilement transposable aux territoires ruraux et de montagne dont les spécificités vont imposer des modèles adaptés.
Les données de notre étude ont été recueillies grâce à des observations sur les deux terrains et des discussions avec les habitants et touristes. Des entretiens ont également été menés au cours de l’été 2018 auprès d’acteurs institutionnels et économiques en charge d’un PCT sur un territoire de montagne. Nous avons ensuite suivi les deux PCT (en 2019 et 20) pour nous assurer d’une certaine stabilité dans le temps des observations faites en 2018 (notamment sur la partie « Retombées sur le territoire »).
La spécificité des territoires de montagne
Les territoires de montagne ont une saisonnalité touristique marquée et sont très peu reconnus comme des destinations culturelles. Or pour être attractifs, les territoires doivent développer une offre culturelle qui valorise le paysage et le patrimoine local, ainsi que l’histoire et les spécificités du territoire, tout en intégrant des activités sportives, de nature, etc. D’autant que dans le cas de la montagne, le tissu culturel local est souvent très riche : fêtes de village à caractère thématique, festivals locaux marqués par des savoir-faire ancestraux, écomusée basé sur des ressources naturelles, etc. Il est crucial de s’appuyer sur cette richesse et de favoriser les partenariats avec les associations et entreprises locales afin d’ancrer le projet culturel sur le territoire.
Toutefois, si la culture peut devenir un atout dans le jeu de la mondialisation et permettre au territoire de se différencier durablement, il apparaît essentiel de déterminer d’une part les éléments clés des projets culturels de territoire et d’autre part de construire des outils et méthodes pour accompagner leur gestion.
Valoriser les ressources territoriales
Les spécificités des territoires ruraux de montagne, comme le relief, la pente et le climat difficile deviennent à l’aune du nouveau système des ressources potentielles qui, si elles sont convenablement valorisées, peuvent devenir une source de dynamisme, de richesse et d’inspiration pour la création artistique. À titre d’illustration, pour la VIAPAC, les ressources différenciantes sont les spécificités géologiques du territoire et pour le festival HAN, l’abondance des reliefs volcaniques et les spécificités de la flore et de la faune de ses zones cairns.
Dans le cadre des événements culturels, la valorisation de ces ressources territoriales apparaît comme un élément fédérateur. En effet, les habitants interrogés sont devenus les premiers ambassadeurs du projet car ils voyaient leur territoire mis en lumière. Ils se sont alors rapprochés du projet et leur participation est alors devenue primordiale dans la formation de relais d’informations.
Pour le directeur de l’association Marcovaldo : « l’artiste disait à la population ce qu’il allait faire et ce dont il avait besoin comme informations et comme participation, et la population se mettait en ordre de marche ». Enfin, dans un effet boule de neige, cette valorisation du territoire et cette participation des habitants favorisaient la...
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