Le think tank The Shift Project s'attaque à un secteur peu pointé du doigt jusqu'ici pour les pollutions qu'il génère. Les mesures qu'il préconise remettent toutefois sérieusement en cause les modèles économiques actuels.
La culture est plus souvent pointée pour sa fragilité économique davantage que pour ses effets polluants. Pourtant «on a une vision en trompe-l'oeil de ce secteur» pointe le rapport que publie le think tank The Shift Project , pour alimenter les réflexions du Plan de transformation de l'économie française initié au début du premier confinement.
«Les enjeux énergie-climat sont les grands absents du budget de la culture 2022, avec seulement 0,45 % alloué au soutien de la responsabilité sociale des entreprises sur un total de 4 milliards d'euros», dénonce-t-il. Pourtant l'enjeu est de taille : le secteur représente 2,3 % du PIB (47,5 milliards d'euros), sans compter le poids du tourisme (8 % du PIB) ou du numérique (5,5 %) qui lui sont étroitement liés. Ainsi le festival d'Avignon génère 30 millions d'euros de retombées locales directes, 100 millions avec les dépenses indirectes. En termes d'emplois, la culture pèse 2,2 % de la population active, près de 635.000 postes, dont les deux tiers précaires, donc très exposés en cas de choc énergétique, climatique ou sanitaire, note le rapport.
Relocaliser les achats
La culture génère notamment beaucoup de flux de personnes comme de biens, rappelle le think tank, qui prône de relocaliser les achats et d'inciter festivaliers ou visiteurs de musées à utiliser des transports moins énergivores. Et de citer l'exemple du festival Hellfest, qui a écoulé 440.000 litres de bière en 2019. «Si celle-ci provient d'un pays limitrophe et de l'agriculture conventionnelle, le bilan carbone s'élève à 600 tonnes équivalent CO2 mais avec une bière locale et biologique, ces émissions chutent de 25 %». Ou encore, dans le livre, en fonction des choix de l'éditeur, le nombre de kilomètres parcourus par un ouvrage entre le lieu de production du papier, l'imprimeur et le lieu de stockage peut être divisé par 20.
La culture bénéficie aussi d'un réseau d'équipements particulièrement dense : 16.000 bibliothèques, 2 000 cinémas, 440 lieux de spectacle labellisés par le ministère, 1.200 musées… D'où l'intérêt de réduire leurs consommations d'énergie. «Une scène nationale peut consommer jusqu'à 1 000 MWh par an d'électricité pour son éclairage, sa climatisation, et deux fois plus pour son chauffage», évalue le rapport.
Déplacements budgétivores
Mais c'est surtout sur les déplacements que le think tank insiste, la culture et les loisirs étant la troisième cause de mobilité des Français. «La moitié des 87 millions de nos touristes internationaux visitent notre patrimoine. Le bilan carbone du Louvre dépend à plus de 99 % du transport de ses visiteurs étrangers, pour près de 4 millions de tonnes équivalent (teq) CO2. De même, un festival rassemblant près de 280.000 personnes en zone isolée comme les Vieilles Charrues, émet 7.000 à 8.000 teq CO2 résultant de la mobilité des fans : et plus de la moitié sont provoquées par ...
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