Avec la reprise des concerts, ça chauffe aussi du côté de l’industrie musicale. Jusqu’alors relativement préservée des attaques concernant son empreinte carbone, elle doit désormais répondre du taux d’émissions de CO2 gigantesque qu’elle génère chaque année, principalement via les tournées et festivals. Une chronique de Greg De Temmerman, physicien, chercheur associé aux Mines-ParisTech PSL et directeur général du think tank Zenon Research.
Pour un physicien, la musique est affaire d’ondes et de fréquences. Mais on oublie trop souvent d’explorer un autre volet de cet art probablement le plus populaire au monde : son coût écologique pour notre planète, même si de plus en plus de groupes et artistes se mobilisent pour tenter d’imaginer des solutions pour rendre leurs tournées plus « durables ». Dernier exemple en date, le groupe Massive Attack, qui soutient depuis l’an dernier un plan pour rendre l’industrie musicale plus écologique, conçu en étroite collaboration avec le le Tyndall Centre for Climate Change Research… Et qu’il compte bien s’appliquer à lui-même lors de sa prochaine tournée, en 2022. Parmi les recommandations de ce plan, publiées le 6 septembre dernier, figurent une meilleure planification des tournées, la fin de l’utilisation des générateurs diesel, l’utilisation du train pour les déplacements nationaux et la réduction de 20 % des voyages en avion en 2030 par rapport à 2019 ainsi que des incitations financières pour encourager l’utilisation des transports publics pour les spectateurs.
Une initiative louable alors que le problème devrait être pris à bras le corps par les pouvoirs publics. Rien qu’en France, on comptait 73 000 concerts en 2017, totalisant plus de 28 millions d’entrées, un chiffre en hausse de près de 70% depuis 2007. Des chiffres comparables à ceux du Royaume Uni. En prenant les 100 festivals français ayant reçu plus de 10,000 personnes, il y avait 7,5 millions de festivaliers en 2019, soit 12% de la population française…
Le transport des spectateurs vers les lieux de concert constitue 80 % de l’empreinte carbone des concerts et autres festivals
Qui dit concert dit évidemment déplacements, que ce soit pour le public se rendant sur place ou pour les groupes. Le groupe Metallica a par exemple joué dans 48 pays différents et sur les 7 continents – allant même jusqu’à donner un concert en décembre 2013 sur la base de Carlini, en Antarctique.
Le total de kilomètres parcourus par les groupes/artistes ayant le plus voyagé dans leur carrière (classement établi en 2017) s’élève à 17,7 millions de kilomètres. Si U2 et les Rolling Stones apparaissent bien dans le top 10 (avec environ 1,7 millions de km chacun), les plus grands voyageurs sont des DJ : Paul van Dyk et Tiësto ont parcouru chacun plus de 2,4 millions de km, soit plus de 6 fois la distance entre la Terre et la Lune. En considérant une empreinte de gaz à effet de serre (équivalent CO2) de 150g/passagerkm, ces 17,7 millions de km (3200 pour un simple Paris-New York) correspondent à environ 2700 tonnes de CO2eq. Mais, finalement, c’est surtout le transport des spectateurs vers les lieux de concert qui pèse le plus sur l’empreinte carbone des concerts et autres festivals, à près de 80%…
Coldplay a annoncé en 2019 mettre en pause ses tournées internationales le temps de trouver comment les rendre soutenables et même bénéfiques d’un point de vue environnemental
Face à cette situation, de plus en plus de groupes décident de...
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