Le gouvernement proposait que la fin du régime spécial dont bénéficie le ballet ne s'applique qu'aux danseurs embauchés après 2022.
«Nous ne sommes qu’un petit maillon dans une chaîne vieille de 350 ans. Cette chaîne doit se prolonger loin dans le futur : nous ne pouvons pas être la génération qui aura sacrifié les suivantes.» Les danseurs grévistes de l’Opéra de Paris ont fait savoir par communiqué qu’ils refusaient la clause du «grand-père», la proposition faite par le gouvernement de ne voir la réforme des retraites s’appliquer qu’à leurs collègues embauchés à partir de 2022. Une proposition selon eux insatisfaisante et qui, en outre, n’est adressée qu’aux danseurs là où ces derniers entendent rester soudés avec les autres services également en grève à l’Opéra (musiciens, techniciens), métiers dont la prise en compte des spécificités est, selon les danseurs, «indispensable pour préserver le niveau d’exigence qui caractérise leur travail. L’Opéra est un théâtre : nos spectacles sont le fruit des efforts communs de toutes nos corporations», écrivent les grévistes qui se disent «désolés d’avoir dû décevoir tant de spectateurs» mais désireux de «témoigner des liens qui unissent corps de métiers et générations» au sein de l’institution.
Le 24 décembre, les danseurs de l’Opéra avaient créé la surprise en interprétant gratuitement sur le parvis du Palais Garnier un extrait du Lac des Cygnes, attirant ainsi l’attention sur un régime spécial de retraites datant de 1698, un des plus vieux du monde, le seul dans le milieu culturel avec celui de la Comédie Française. En raison de la pénibilité d’un travail auxquels ils se forment dès leur plus jeune âge, en raison de la sélectivité et du niveau d’excellence à maintenir, les danseurs partent du ballet de l’Opéra de Paris à 42 ans maximum, en bénéficiant d’une pension cumulable à un nouveau salaire lorsqu’ils trouvent à se reconvertir. De quoi attiser les railleries des autres ballets, sans régime spécial puisque n’ayant pas en charge, comme l’Opéra de Paris, le «rayonnement culturel de la France». En début de semaine dernière, l’institution parisienne enregistrait plus de 8 millions d’euros de perte en raison des annulations de spectacles.
Lire la suite sur next.liberation.fr