Séquelles de la crise sanitaire, mutations des pratiques culturelles, incertitudes budgétaires... les directeurs des affaires culturelles des collectivité sont plongés dans un tourbillon d'interrogations sur leur avenir et leur identité professionnelle. Leurs assises nationales, organisées à Sète les 20 et 21 octobre 2022, en ont été la caisse de résonance.
Qu’est-ce qu’un directeur des affaires culturelles (DAC) ? Quelles sont nos missions ? Notre métier existera-t-il dans vingt ans ?
Ces questionnements récurrents, entendus dans les ateliers et les couloirs des 6es assises nationales des directeurs des affaires culturelles, réunies à Sète, les 20 et 21 octobre, en disent long sur le trouble qui gagne la profession.
« Affaires culturelles » : des lignes qui bougent
Sur fond d’inquiétude budgétaire croissante, les managers des politiques culturelles voient les défis s’accumuler : la transition écologique et son impact sur la culture, les séquelles de la crise sanitaire perceptibles dans la baisse de fréquentation des lieux, les mutations de la société dans ses pratiques et ses aspirations culturelles, l’intégration du numérique (loué il y a peu pour les perspectives qu’il ouvre, aujourd’hui pointé pour son impact environnemental), l’approche transversale de la culture au sein de la collectivité, la nécessaire innovation (participation des habitants dans la logique des droits culturels…), etc.
Autant de problématiques qui font bouger les lignes des missions et plongent plus d’un DAC dans l’incertitude, voire dans le trouble, comme en témoignent les nombreuses demandes d’anonymat des témoignages. « Nous entendons beaucoup d’enjeux qui invitent à se mettre en mouvement. Mais comment nous inscrire dans un mouvement ? », s’est interrogée Isabelle Piot, vice-présidente de la Fédération nationale des associations de directeurs des affaires culturelles (Fnadac).
« Souvent, il n’y a pas de vision politique »
« Les motifs d’insatisfaction et d’incertitude sont nombreux et connus : problème structurel de saturation, logique de soutien inflationniste de la culture, etc. », a pointé Vincent Guillon, codirecteur de l’Observatoire des politiques culturelles (OPC). Avec, au bout du compte, un questionnement sur « une justification politique suffisante ».
Or « souvent, il n’y a pas de vision politique », ont déploré nombre de DAC au fil des interventions. Et de citer en exemple le cas, pas si rare, où c’est le professionnel qui écrit le projet culturel pour l’élu, « sans qu’il y ait eu un débat démocratique en amont. » Conséquence concrète : les professionnels doivent faire « de la pédagogie auprès des élus » pour leur expliquer en quoi consiste une politique culturelle et ses enjeux. Constat qui renvoie à la formation des élus à la culture.
Temps long du DAC, temps court du mandat
« La peur ne porte pas tant sur la pérennité du DAC que sur les contenus, la nature des missions », a recadré une intervenante à propos de la place de ces professionnels dans les politiques publiques de la collectivité.
Or, sous la pression croissante des tâches purement managériales et administratives, la disponibilité manque pour l’évaluation et la prospective. « Nous faisons beaucoup de constats sans avoir de réponses. Il faudrait arrêter...
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