La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a reçu le 19 octobre une délégation du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac). L'entretien a porté sur les conséquences de la crise sanitaire sur les équipements de spectacle vivant. Mais pas que. Tour d’horizon avec le président du Syndeac, Nicolas Dubourg.
Dans le cadre de ses entretiens avec les organisations professionnelles, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a rencontré le 19 octobre le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac). Un rendez-vous sur lequel a plané le couvre-feu à 21h en Ile-de-France et dans huit autres territoires placés en zone d’alerte maximale.
Avez-vous abordé la question du couvre-feu avec la ministre de la Culture ?
Nous avons même commencé l’entretien par ce sujet ! Nous avons rappelé à la ministre qu’il y a six semaines, le mot d’ordre pour les équipements de spectacle vivant était « on reprend », et que maintenant, il est « on arrête ». Nos équipes ne peuvent pas vivre dans un perpétuel « stop and go ». Nous avons souligné que les implications financières pour nos équipements seront importantes, et qu’on n’avance pas l’horaire d’un spectacle aussi facilement qu’on l’entend dire.
D’abord il y a des spectacles qui durent plus de deux heures. Ensuite, cela veut dire avoir un public encore un peu plus restreint (1). C’est en totale contradiction avec notre mission de service public, qui est de toucher les publics les plus éloignés de la culture. Si on avance les horaires des spectacles, qu’advient-il des personnes qui n’habitent pas en centre-ville et qui ont des temps de trajets ? Qu’advient-il de ceux qui n’ont pas les moyens de payer une baby-sitter ?
Le Premier ministre a opposé une fin de non-recevoir à la demande de Roselyne Bachelot de prévoir une dérogation pour le spectacle vivant et les cinémas. Selon vous, reste-t-il encore une petite chance de faire bouger les choses ?
A priori, ce n’est plus un sujet. Imaginez-vous qu’on puisse revenir sur quelque chose qui a été annoncé par le Président de la République ? S’il devait y avoir des adaptations, il fallait prévoir une concertation en amont, avant l’intervention du Chef de l’Etat.
A quelles adaptations pensez-vous ?
Dans tous nos théâtres, il y a des compagnies en train de travailler. Si le couvre-feu avait été anticipé, on aurait très bien pu, par exemple, organiser des rencontres avec les artistes dans les établissements scolaires, et discuter en amont des modalités d’intervention.
Quels autres points avez-vous abordés avec la ministre ?
Nous avons d’abord fait valoir qu’il est indispensable que le plan de relance comporte des mesures de sauvegarde de l’emploi artistique. Nous avons expliqué à la ministre que depuis le début de la crise, nous, secteur public, avons été solidaires des compagnies indépendantes : nous considérons que nous faisons partie d’un écosystème et qu’on ne peut pas traiter la question des théâtres sans parler des compagnies indépendantes. Nous avons donc insisté pour que des crédits soient fléchés vers le soutien de l’emploi.
Ensuite, nous avons évoqué la compensation des pertes de billetterie. Depuis le début du plan de relance, le ministère nous dit que les équipements publics étant subventionnés, les compensations de pertes de billetterie concerneront essentiellement les opérateurs privés. En privant le secteur public de ces compensations, on va l’affaiblir dans ses capacités à se relancer. Or c’est du secteur public que partira la relance artistique.
Enfin, nous avons parlé méthode et demandé qu’au-delà du ministère de la Culture, l’interministériel soit impliqué : Education nationale, Cohésion des territoires, Affaires étrangères, etc. Nous avons d’ores et déjà demandé à rencontrer la Ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales Jacqueline Gourault.
Nous pensons également que l’interministériel doit aussi être reconnu au niveau local. En clair, que les préfets, lorsqu’ils prennent des décisions, associent et consultent le DRAC [directeur régional des affaires culturelles, ndlr]. Un réflexe qu’ils sont loin d’avoir.
La ministre vous a-t-elle donné des assurances sur tous ces sujets ?
Elle nous a dit qu’elle appuierait notre demande de rencontre avec Jacqueline Gourault [ministre de la Cohésion des territoires, ndlr] et qu’elle demanderait...
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