Une étude Ipsos pour le Centre national du livre souligne le décrochage de la lecture, notamment chez les garçons. En moyenne hebdomadaire, les 7-25 ans passent huit fois plus de temps devant un écran qu’à lire par plaisir.
C’est le phénomène le plus préoccupant de l’étude du Centre national du livre (CNL) commandée à Ipsos sur « Les jeunes Français et la lecture », dont les conclusions ont été rendues publiques, mercredi 23 mars : le décrochage de la lecture à l’adolescence est toujours bien présent et réel, notamment chez les garçons. Cet abandon du livre s’effectue au profit du temps passé devant les écrans.
Au terme d’une enquête menée par Ipsos auprès de 1 500 jeunes âgés de 7 à 25 ans représentatifs de la population française en métropole, les auteurs affirment que la lecture « loisirs » (pour le plaisir, ni pour les études ni pour le travail) décline fortement après l’entrée au collège, après 12 ans, « avec une baisse encore plus importante chez les garçons que chez les filles : 68 % des garçons lisent pour leurs loisirs à 13-15 ans, contre 81 % des filles au même âge ».
Surtout, le temps consacré à cette fameuse lecture « loisirs » pèse bien peu par rapport à celui passé sur l’écran. « En moyenne, les lecteurs loisirs lisent 3 h 14 par semaine (soit près de vingt-huit minutes par jour) », alors que « l’ensemble des 7-25 ans (lecteurs ou non) passe 3 h 50 par jour devant un écran (et même 5 heures 33 chez les 20-25 ans), dont 2 h 50 par jour sur Internet ».
« Les jeunes sont encore nombreux à lire »
L’étude contredira ceux qui pensaient que les confinements avaient permis de se plonger dans les joies de la lecture : « Si certains jeunes déclarent avoir lu davantage pendant les confinements, ce contexte a profité davantage aux écrans. » En effet, 38 % des 7-25 ans ont lu plus pendant les confinements, mais ils ont surtout regardé les séries (55 %), utilisé leur smartphone (52 %), joué à des jeux vidéo (44 %) ; ces progressions étant plus importantes chez les 20-25 ans que chez les plus jeunes.
Autre métamorphose radicale dans la lecture, et plus particulièrement chez les garçons, là encore : « 47 % des jeunes (et même 59 % des lycéens) font souvent autre chose en même temps qu’ils lisent : ils envoient des messages, vont sur les réseaux sociaux, regardent des vidéos, jouent à des jeux vidéo ou parlent au téléphone. » Difficile, dans ces conditions, de rester concentré sur un texte. Cette appétence pour les écrans se traduit malgré tout par le fait que 40 % des 7-25 ans ont déjà lu un livre numérique et 58 % ont déjà écouté un livre audio ou un podcast.
Néanmoins, les auteurs de l’étude ne dressent pas qu’un tableau noir de la situation. Ils rassurent les parents, en affirmant que « les jeunes sont encore nombreux à lire » et soulignent même un petit mieux chez les 7-19 ans, dont « 83 % déclarent lire pour leurs loisirs, contre 78 % en 2016 (l’étude ne portait alors que sur cette tranche d’âge), soit une hausse de 5 points ». Tout en se désolant que 16 % des 7-25 ans « n’aient pas d’appétence particulière pour la lecture ».
Quand ils ouvrent un livre pour leurs loisirs, qu’apprécient-ils ? Sans surprise, les 7-19 ans privilégient de plus en plus et massivement (à 73 %) les BD, les mangas et les comics. Dans ces genres, les mangas se taillent la part du lion, puisqu’ils ont gagné 17 points par rapport à l’étude de 2016. Les 20-25 ans préfèrent, eux, les romans (58 %), qui restent toutefois talonnés par les BD, mangas et comics.
« Il faut aller chercher les jeunes sur leur terrain »
L’étude souligne également à quel point les jeunes « apprécient que le livre et la lecture viennent à eux ». Ils se souviennent avec bonheur du temps béni où leurs parents – surtout leurs mères – leur lisaient des histoires quand ils étaient tout petits.
Dans sa conclusion, le CNL se veut positif : « Il y a des raisons d’espérer. Il faut aller chercher les jeunes sur leur terrain, pour leur permettre de lire comme ils veulent, quand ils veulent, et d’avoir une attitude décomplexée par rapport à la lecture. » Régine Hatchondo, présidente du CNL, ajoute : « Il faut d’abord insister [notamment auprès des adolescents] sur le fait que tous les genres, tous les formats et toutes les façons de lire sont légitimes et peuvent être source de joie et de découvertes. »
Alors que la lecture a été...
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