Que vous ayez été ado plutôt il y a 10 ou 30 ans, vous vous souvenez sûrement de cette rage mélancolique qui explosait parfois, nourrie par un sentiment de lucidité implacable. Et si cela nous faisait du bien, de nous placer à nouveau face au sens critique propre à l’adolescence ?
C’est ce que se propose de faire la Maison des Métallos dans le 11ème arrondissement de Paris en décembre à travers un panel de performances, projections, discussions et autres festivités.
Crise d’autorité, explosion hormonale, manque d’expérience… Ce morceau de vie particulier qu’est l’adolescence est souvent chapeauté d’un regard mi-inquiet mi-moqueur de la part des adultes. Il est communément admis par cette entité supérieure que ce n’est qu’un mauvais moment à passer, qu’il suffit de patienter en attendant que tout rentre dans l’ordre, et que les trouble-fêtes finiront par rejoindre docilement la vie d’adulte. D’ici là, les ados passent de longues années à n’être écoutés que d’une oreille. Soyez rassurés, jeunes incompris : durant tout le mois de décembre, la Maison des Métallos s’offre d’être votre refuge. Cette ancienne usine reconvertie en lieu culturel d’arts vivants accueille Michel Schweizer, un metteur en scène qui compte bien nous donne envie d’écouter ce que les jeunes générations ont à nous dire, et nous pousser à repenser notre place dans le monde.
La maison des transitions
Un mois entier : c’est à minima ce qu’il faut pour investir pleinement le lieu et sa programmation dans le cadre d’une CoOP de la Maison des Métallos. Une CoOP (pour “coopération artistique”), c’est une expédition artistique menée autour d’un thème par un ou une artiste qui questionne nos manières d’être, de faire, de voir le monde pour penser celui de demain. Ce fil rouge est tissé sur le temps long autour d’une grande diversité de formats, accueillant aussi bien des spectacles que des projections, des débats, des balades et des ateliers, au gré de l’invité d’honneur du moment et de son équipe.
L’inclusivité du public est centrale, de manière à ce que l’art devienne matière à penser plutôt qu’à consommer : «on est la maison des transitions, présente Stéphanie Aubin, directrice des lieux. Et nous devons bien sûr revoir nos façons de produire, de consommer mais aussi et surtout changer nos postures et nos imaginaires. Il s’agit de se retrouver autour de l’art, de renouveler notre point de vue sur les choses, de se réinventer collectivement pour affronter ce changement de civilisation ». Convaincue que l’art ouvre des portes, cette ancienne chorégraphe pense la programmation de manière à offrir au public de la matière à penser pour mieux faire face aux mutations sociales, écologiques et technologiques qui caractérisent notre époque.
Place aux générations futures
Or, que nous le voulions ou non, les ados sont notre avenir. Ils héritent de la société que nous forgeons, et sont les acteurs de demain des grandes transitions de notre époque. Ils nous observent travailler, voter, consommer, choisir ce qui a de la valeur, sans pouvoir encore prendre leur part… Mais ils n’en pensent pas moins. Michel Schweizer leur tend le micro et les accompagne pour qu’ils nous expriment la vision qu’ils ont de notre vie d’adulte, pour nous parler de leurs désirs et de ce qui les touche. Les jeunes entendus avaient 13 ou 14 ans lors de la première représentation du spectacle Cheptel — quatre années plus tard, leurs idées et perceptions ont évolué, et elles sont déposées là, libres, spontanées, dans toute leur vérité jusqu’au 12 décembre.
Monter des spectacles sans acteurs, c’est la marque de fabrique du metteur en scène. Il a travaillé avec des maîtres chiens, des philosophes, un légionnaire ou encore une strip-teaseuse, avec toujours ce souci de brouiller les pistes entre jeu théâtral et réalité sociale.
Après un apéro d’ouverture suivi de dix jours de mise en scène adolescente, Schweizer accueillera le 13 décembre la jeune militante écologiste Camille Etienne pour présenter son nouveau court-métrage Génération et échanger sur l’engagement des jeunes. Le lendemain, c’est le réalisateur Sébastien Lifshitz qui présentera Adolescentes, son documentaire récompensé par trois César en 2021, dont celui du meilleur film documentaire qui retrace la vie et les rêves de deux adolescentes, de leur 4ème jusqu’à leur entrée en études supérieures. Puis, place à la fête : le vendredi 17 décembre se tiendra le ...
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