Des pièces de théâtre pour prôner la tolérance et l’acceptation de l’autre, c’est le projet mis en place par la compagnie Le Trimaran à destination des jeunes publics.
« La balle est entre les mains des jeunes générations ». C’est sur ce constat que Stéphane Tournu Romain a fondé la compagnie Le Trimaran, basée à Castelnau-de-Montmiral (Occitanie). Depuis maintenant 27 ans, il intervient avec une douzaine de comédiens auprès des établissements scolaires et des clubs de sports pour sensibiliser les jeunes au respect de l’autre. Sexisme, homophobie et racisme sont autant de thématiques sociétales abordées dans les cinq spectacles montés en participation avec les publics scolaires. « L’interactivité est très efficace auprès des jeunes », confie le directeur de la troupe. « Ils se sentent concernés et c’est une période où ils ont besoin de s’exprimer, d’exister ».
Du théâtre interactif
Au programme de l’intervention de deux heures dans les lycées, collèges et universités : une première partie jouée par les comédiens, puis trois saynètes pour faire participer les étudiants. S’ensuit finalement un débat pour délier les langues autour d’une thématique précise. Depuis plusieurs années, la troupe est régulièrement sollicitée par les établissements scolaires pour lutter contre les discriminations qui surviennent entre leurs murs. En 2019, ce sont 107 représentations, 21 départements visités et 73 000 jeunes sensibilisés que le Trimaran a comptabilisé.
Réagir à l’actualité
La clé de son succès ? Être en prise avec l’actualité. « En ce moment, nous évoquons beaucoup le racisme anti-asiatique, qui s’est développé pendant la crise liée au coronavirus », explique Stéphane Tournu Romain, avant d’enchaîner : « Il y a quelques jours, un suicide a eu lieu dans un lycée. Nous avons été appelés par le proviseur pour écrire et mettre en place un spectacle sur ce sujet ». S’adapter aux événements locaux et nationaux est au cœur même du projet de la compagnie, et ce depuis ses débuts. Dans les années 90, c’est autour du SIDA que les spectacles s’articulent, puis le virage des années 2000 laisse davantage place aux questions de racisme. « En 2004, le footballeur français Pascal Chimbonda a reçu des injures racistes de la part du public. C’est de là qu’est né notre spectacle Graines de Supporters », raconte le directeur du Trimaran.
À l’arrêt pendant cinq mois lors de la période de confinement, la rentrée a pourtant bien commencé pour l’équipe, qui a déjà mené seize représentations depuis début septembre. « C’est du jamais vu ! », constate Stéphane Tournu Romain, « on est sollicité partout en France et même à l’étranger. ». De beaux jours se profilent donc pour la troupe, qui remplit son agenda de représentations dans les établissements scolaires jusque fin décembre.
Garance Lunven