Dans une tribune au « Monde », le célèbre baryton Ludovic Tézier alerte sur la situation toujours plus difficile en ces temps de pandémie de l’opéra comme du théâtre et de ceux qui en vivent, et en appelle à l’aide de l’Etat.
Tribune. La misère rode autour des lendemains de tous ceux qui, de tréteaux en tréteaux, réconfortent le cœur de notre peuple.
Si l’on n’y prend garde, le virus aura la peau du spectacle vivant, et particulièrement de l’art lyrique. Souvent chahuté et sempiternel victime expiatoire des mauvaises consciences budgétaires de notre République, il attire pourtant un nombre considérable de nos concitoyens, parmi lesquels nombre de nos magnifiques médecins, qui trouvent dans nos salles l’évasion que leur vie de labeur leur alloue parcimonieusement.
Je parle au nom des troubadours et saltimbanques qui vont par les routes, souvent loin des leurs, et dont l’unique possibilité de construire leur vie repose sur l’intangibilité du prochain contrat. Il y a bien peu de nantis dans ce petit monde laborieux, bien peu dont le calendrier aille outre les dix prochains mois. La vie des artistes est un combat quotidien sans aucune certitude qu’une signature au bas d’un papier.
Fatalité assombrie
Aujourd’hui ces papiers sont déchirés, sans nulle autre préoccupation que celle, louable à certains égards, qu’ont nos théâtres de préserver leur propre survie. On les comprend, leur budget annuel est calculé avec un prévisionnel quant aux revenus de la billetterie !…
Si l’Etat ne comble pas incessamment la perte totale de...
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