Pour la cinquième année d’affilée, le secteur connaît une croissance soutenue, grâce à l’essor du streaming et à une forte augmentation des ventes de CD et de vinyles.
Alors que, depuis deux ans, l’économie des concerts souffre terriblement de la pandémie de Covid-19 et peine à sortir du marasme, la musique enregistrée, elle, fait bonne figure. Pour la cinquième année d’affilée, ce marché poursuit sa dynamique de croissance en France : avec 861 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021, il progresse de 14,3 % par rapport à 2020, selon le bilan du Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP), publié mardi 15 mars.
Pourtant, ce secteur revient, lui aussi, de loin, la musique enregistrée ayant traversé une crise majeure liée au piratage massif des œuvres au tournant des années 2000, avant de rebondir grâce à l’essor du streaming payant. Si bien que les ventes de musique en France n’ont représenté en 2021 qu’à peine plus de la moitié de leur niveau historique de 2002.
Au chapitre des bonnes nouvelles, le secteur a affiché « sa première croissance à deux chiffres depuis vingt ans », relève le SNEP. Et ce, grâce à deux facteurs : « la hausse toujours soutenue des revenus générés par le streaming » – lequel constitue, d’après Alexandre Lasch, directeur général du SNEP, « la clé de voûte de [son] modèle économique » – et « une résistance remarquable des ventes physiques ». Les points de vente de CD et vinyles avaient été fermés trois mois en 2020.
TikTok, mode de consommation à part entière
Le streaming représente l’essentiel de la consommation de musique, toutes classes d’âge confondues. Toujours porté par les abonnements des plates-formes comme Spotify, Deezer, Amazon Music, Apple Music ou Qobuz, le chiffre d’affaires du streaming payant a crû de 15 % en 2021. Le SNEP recense désormais près de 10 millions d’abonnements payants, qui, avec les comptes famille, rassemblent 14 millions d’utilisateurs des offres premium. « Avec les 8 millions d’utilisateurs des offres gratuites, 22 millions de Français écoutent la musique en streaming audio », souligne l’étude. Le service de vidéo de TikTok s’impose aussi comme un mode de consommation à part entière.
Parallèlement, les revenus générés par les supports physiques, qui chutaient avant la crise sanitaire, rebondissent de façon spectaculaire (+ 21 %). Pour la première fois en vingt ans, les ventes de CD augmentent de façon significative. Surtout, le vinyle consolide encore son succès auprès de tous les publics, avec plus de 5 millions d’unités vendues.
L’étude du SNEP évoque des usages désormais « franchement mixtes dans la consommation de musique ». Alexandre Lasch se réjouit du fait que les Français en soient toujours plus friands. « L’écoute a augmenté massivement en deux ans, de plus de trois heures par semaine, pour passer à seize heures et trente-six minutes hebdomadaires », remarque-t-il. Un phénomène constaté chez les 16-24 ans, déjà les plus accros, mais aussi, fait nouveau, chez les plus de 35 ans, qui intensifient leur écoute de musique en ligne.
Emergence de nouveaux artistes
L’étude met aussi en avant « le plébiscite du public français pour les artistes produits dans l’Hexagone », en rappelant que « 18 albums du top 20 sont des productions françaises, chantées en français, comme d’ailleurs 83 % des 200 meilleures ventes ». Autre indicateur du dynamisme de la production musicale : l’émergence de nouveaux artistes se confirme, puisque les albums de 28 jeunes talents ont trouvé leur place aux côtés d’artistes plus confirmés dans le top 200.
En cette année électorale, Alexandre Lasch appelle les pouvoirs publics à « ne pas freiner la dynamique de croissance du secteur, donc à ne pas trop réguler les plates-formes de streaming ». Il s’oppose notamment au fait de leur imposer, comme aux radios, des quotas de chansons françaises.
Les genres les plus plébiscités restent, à une majorité écrasante, les productions françaises de...
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